Posted on: 6 mars 2018 Posted by: François Albert Comments: 0

Septembre 2017 a vu les 10 ans du festival Rock In Opposition se tenir à LE GARRIC (81).

Phil « PhilOman Bass » Garnier y était et nous a envoyé son compte-rendu que nous publions ci-dessous bien volontiers.

Un an plus tard, me voici de retour en ce lieu hors du temps qu’est le Cap’Découverte de LE GARRIC (81) pour les 10 ans du Festival ROCK IN OPPOSITION. Impossible de rater un tel évènement quand on doit y croiser pour l’occasion beaucoup de ceux qui ont marqué les 9 éditions précédentes.

Une fois de plus, la qualité est au rendez-vous à tous les étages : site, accueil et qualité du son imparable. Le public du RIO s’est peu à peu développé autour d’une famille de fidèles qui vient aussi bien d’Amérique du Nord que d’Asie. Une douce ambiance  où l’on navigue entre les deux scènes, les bars, les stands des musiciens et des disquaires.

Tentons de résumer ici et en peu de lignes ces nombreuses découvertes d’une richesse inouïe.

15 septembre
C’est ARANIS (Belgique) qui ouvre le bal. Cette formule acoustique : piano, contrebasse, accordéon, violon et flûte, se promène sans difficulté sur un répertoire de reprises allant de NIRVANA à DAVID BOWIE avec une orchestration et des arrangements des plus surprenants.

Puis c’est au tour de CHEER ACCIDENT (USA) de prendre possession de la scène pour une séance de gymnastique (!), en préambule d’un concert de haute voltige. Ce groupe pour le moins épatant oscille sans cesse entre KING CRIMSON et MAGMA dans un Math Rock bourré de contrastes, alternant ambiances Hard, Cool et Free au gré des collages.

L’évènement annoncé de cette journée fut le concert de FAUST (Allemagne). À la grande joie de leur nombreux fans, FAUST renoue ici avec le KRAUTROCK dont il fut l’un des plus dignes représentants dans les années 70. Pas de musique bruitiste donc cette fois-ci, mais un savoureux KRAUTROCK, parfois teinté de Psyché qui nous entraine aussi vers l’univers d’ASHRA TEMPLE. L’esprit de FAUST est très ouvert et ses musiciens se promènent en toute liberté.  Et pourtant… c’est en toute liberté que je ne parviens pas à pénétrer cet univers. Sans doute est-ce dû à cette douce impression que Jean-Hervé PERRON, la tête pensante du groupe, a du mal à cacher qu’il est le premier convaincu de son génie et du génie de ses œuvres.

16 septembre
Heureux comme un pinson, me voici de retour pour cette deuxième journée. La pluie s’est invitée, mais ça ne gâche en rien notre enthousiasme.

LE SILO, trio japonais (3 voix, guitare, claviers, batterie) offre avec le sourire un cocktail de jazz Rock plutôt dans l’esprit de Frank ZAPPA. Ces trois là sont pour le moins festifs et déjantés et manifestement, le vin français leur procure joie, bonheur et volupté. Très drôles ! Plus sérieusement, les enfants d’une école de musique viendront jouer les doublures, accompagnant leurs maîtres et parfois les remplaçant même, chacun sur son instrument respectif.

MIRIODOR (Canada) prend le relai avec, j’en suis désolé, une musique sans vie ni saveur, qui ressemblerait à un non-KING CRIMSON ou un non-SHYLOCK. beaucoup de bandes son, beaucoup de collages, des morceaux sans début ni fin (comment s’y retrouvent-ils ?). On passe d’un titre à l’autre sans distinguer quoique ce soit. Bref…

TRANS-AEOLIAN TRANSMISSION nous vient de France. Ce duo Guitare/basse joue face à un écran et dos au public, en totale synchronisation avec le film projeté et sa bande son. «Xinjiang, Taklamakan & Karakoram» est leur première réalisation. Une musique Néo-Shamanique & Post-Industrielle pour une aventure/création composée, enregistrée et filmée en compagnie de shamans et musiciens dolans en pays ouïghour, au Xinjiang musulman de la République Populaire de Chine. Sur scène, les deux musiciens restituent ces compositions sur la projection de leur road-movie aventureux poétique réalisé in-situ. Militant et prenant.

GONG (Planet Gong) débute la soirée et va nous prouver que « You can’t kill GONG ! ». Ils sont de retour avec un nouvel album auquel Daevid Allen aura prêté sa voix une dernière fois sur deux titres, avec son assentiment et ses encouragements à perpétuer le Flying Teapot après lui. Le jeune leader KAVUS TORABI (du groupe GUAPO que nous verrons le lendemain) fut adoubé par lui comme le successeur. Beaucoup d’hommages donc à Daevid comme à Gilli SMYTH et pas mal de classiques mêlés au nouveau répertoire du groupe. La voix est parfois limite au niveau justesse. Dommage. Il n’empêche que l’esprit est là et l’ambiance aussi.

Après être monté si haut dans l’espace, autant y rester ! ACID MOTHERS TEMPLE (Japon) assure donc le final, parfaite thérapie pour planer très haut dans les sphères psychédéliques sans recourir à d’illicites substances. Folie totale !

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Mais comment font-ils pour tenir à un tel rythme ? Pas un temps mort, pas un moment de répit. Les tempi ébouriffants de la section rythmique permettent au guitariste Kawabata MAKOTO de délirer au delà du raisonnable, pendant que son acolyte, préposé au claviers et au térémine, plane au dessus du lot dans une zen attitude contrastante. Assurément, la méga claque de ce festival. Encore un joli hommage à GONG en ouverture de ce concert, comme pour nous rappeler que les chemins des deux groupes se sont croisés il n’y a pas si longtemps.

17 septembre
C’est a.P.A.t.T (Royaume Uni), prononcez « Appetite », qui ouvre ce dernier jour avec la musique la plus folle et la plus inclassable qu’il m’ait été donné d’entendre. Impossible de dire qui joue quoi tant les instruments sont nombreux et variés et que chacun en change allègrement. Et puis quel humour, so British bien sûr ! Quelle connivence et quelle richesse. Et puis que de monde sur scène : 7 musiciens tous multiinstrumentistes, pas moins !

IN LOVE WITH (France) nous invite dans ce monde étrange qui est le leur. Le trio batterie, violon et violoncelle est plutôt difficile d’accès, mais génère beaucoup d’émotion dans un style bien barré et contemporain. c’est une merveille de ce festival que de pouvoir pénétrer ces univers inconnus et tous différents. On finit souvent par y entrer et parfois, il est difficile d’en ressortir…

Puis GUAPO (Royaume Uni), avec Kavus TORABI à la guitare et au chant joue dans un esprit somme toute assez proche de GONG. Les thèmes s’enchainent sans temps mort. Le style est très atmosphérique, mais j’ai la curieuse sensation que tout cela est trop répétitif et que rien ne décolle jamais vraiment, comme s’ils avaient le pied toujours collé sur le frein. Bref, je me dit : pas d’âme… Ou bien c’est moi ?

Clou de cette journée et de ce festival, SLAPP HAPPY (Allemagne/Royaume Uni) ici reformé pour l’occasion avec Peter BLEGVAD (guitare), Anthony MOORE (guitare et claviers) et Dagmar KRAUSE (chant) accompagné par la rythmique de FAUST, nous font le plaisir de rejouer 40 ans plus  tard le répertoire pop de leurs débuts.

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L’atmosphère est résolument paisible et intimiste. La sublime Dagmar KRAUSE est aussi fragile qu’un petit oiseau et son chant nous transporte vers de purs moments de douceur. Oui : douceur est le mot.

On sort de là comme d’un rêve et le festival est terminé. L’annonce est faite que pour les prochaines éditions, les programmateurs souhaitent changer de formule et ouvrir leurs portes à d’autres univers musicaux, tout en restant dans la ligne riche et exigeante du RIO. Personnellement, je leur fait une entière confiance et je me demande déjà ce qu’il vont bien pouvoir dénicher aux 4 coins du globe.
Comme toujours, chacun de ces concerts fut suivi d’une interview du groupe sortant. Les traductions sont assurées en direct en français comme en anglais et le public peut poser ses questions et satisfaire sa curiosité. Avouez que de tels échanges et une telle proximité, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue !

Keep on rocking in a free world !

PhilOman Bass