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Mastermind : Insomnia (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)

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Cela fait maintenant 10 ans que le groupe de Bill et Rich Berends n'avait plus donné de réel signe de vie. Les deux frères sont passés par certaines désillusions depuis la sortie de leur dernier album et Rich a voulu rejouer du blues et du hard rock. D'ailleurs, la position plus ou moins intermédiaire de Mastermind, entre metal et rock progressif n'a peut-être pas aidé. Trop puissant pour certains, pas assez pour les jeunes peut-être (le groupe n'a jamais voulu prendre un son vraiment lourd basé sur les guitares). En bref, il est fort possible que la versatilité des frères Berends les ait desservis. Après tout, enchaîner un album de metal progressif instrumental typé jazz-rock ("Excelsior  !" en 1999) avec un album de metal symphonique avec chanteuse ("Angels of the apocalypse" en 2000), c'est vraiment peu fréquent  !

"Insomnia" met en vedette une nouvelle chanteuse, Tracy McShane, dont la voix medium, voire grave, ressemble curieusement à celle de Lisa Bouchelle mais renouvelle le propos par rapport à "Angels" en effectuant une synthèse des autres aspects du groupe et en apportant une certaine fraîcheur. Le côté pachydermique et un peu monotone du précédent opus a laissé la place à davantage de diversité, même si le son s'est parfois alourdi sur la batterie et les guitares rythmiques. Les textures de synthés sont plus variées, parfois très modernes. Bill Berends a recruté la chanteuse. Mais le guitariste chante un petit peu également, parfois en duo avec elle. Jens Johansson a encore contribué aux claviers sur cet opus, qui a été enregistré il y a déjà plus 5 ans.

On compte dix titres, neuf de durée moyenne (entre 3:30 et 5:30) et un dernier nettement plus long (9 mn). "Insomnia" contient des titres un peu plus typé metal, certains assez symphoniques, d'autres plus progressifs mais la plupart sont assez concis, ce qui n'empêche pas des structures parfois complexes et changeantes mais intégrées dans un format "chanson" plus accessible. Mastermind est né il y a très longtemps et transcende les schémas actuels. Les influences classiques assez typiques de Bill Berends sont plus épisodiques et il intègre cette fois-ci quelques riffs et solos plus bluesy. La diversité est de mise et ce n'est pas un mal. Déjà, l'intro de "desire" est complètement spatiale, digne de Tangerine Dream, avant que la guitare ne rentre en jeu avec la voix lyrique et très profonde de Tracy McShane. Superbe mélodie, un début très fort où l'on reconnaît le style plutôt épique du Mastermind des albums "Tragic symphony" ou "Until eternity", avec un brin de nouveauté. "break me down" est plus sombre et présente un riff de guitare menaçant, tout en restant majestueux sur son refrain et en accélérant sur la fin. Des morceaux comme "meltdown" et "piggy world" concilient riffs épais et sombres avec des refrains plus mélodiques. "broken" est à la fois heavy, orientalisant, et très accrocheur. Le seul instrumental, l'éblouissant "night flier" semble un hommage au jazz rock progressif des années 70, avec une touche de Rush. Rich Berends n'a pas perdu la main en tant que guitariste (et commande toujours des synthés depuis sa guitare), tout en incluant quelques influences blues inattendues. Notre homme est un sacré virtuose méconnu, de même que son frère est un batteur absolument fantastique  ! Mais les deux hommes ne passent pas leur temps à essayer de le démontrer, ce stade est passé il y a longtemps. Et la virtuosité exceptionnelle de Jens Johansson n'est plus à prouver non plus. Quel festival quand même  !

On attend le long morceau de pied ferme? Mais pas de final apocalyptique cette fois. "last cigarette" est une ballade lente et mélancolique à l'ambiance majestueuse, chantée en duo par Berends et McShane, avec un grand solo de guitare et un long final apaisé aux claviers. Pas très complexe mais beau, sincère et de bon goût  !

Même si j'ai une préférence pour le côté progressif symphonique mêlé de metal et les influences classiques de Mastermind, "Insomnia" est une réussite, un album honnête et assez varié, qui fait tout à fait honneur aux talents de compositeur de Rich Berends. Souhaitons un succès renouvelé à ce groupe dont les qualités ont été trop souvent méconnues.

Marc Moingeon




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