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Steve Howe's Remedy : Elements (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°47)

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Steve Howe avait annoncé en début d'année un projet un peu particulier qui mélangerait ses influences blues, jazz et progressives. Aujourd'hui, cet album paraît sous un nom de groupe : Steve Howe's Remedy et il s'agit plus ou moins d'une affaire de famille. En effet, deux des musiciens figurant sur cet album ne sont autres que les fils de Steve : Dylan à la batterie (qui a déjà joué plusieurs fois avec son père) et Virgil aux claviers (lequel vient de sortir un album de remixes de Yes… sans commentaire). Sur l'album figure aussi le bassiste Derrick Taylor (quel prénom !) et aux saxophones, flûte et clarinette, Gilad Atzmon qui joue dans le groupe de jazz de Dylan Howe. Ses interventions, comme celles de Virgil, ne sont d'ailleurs qu'épisodiques.

En fait de groupe, "Elements" est un album assez curieux et pas très cohérent, constitué de 16 morceaux de 2:00 à 7:21 pour une durée totale d'environ 62 minutes. Sur ces 16 morceaux, il est évident que Steve Howe joue complètement solo sur au moins 5 d'entre eux, notamment les trois derniers. Ce sont d'ailleurs des moments parfois très intéressants où le guitariste expérimente beaucoup avec les sons de guitare électrique, de guitare-synthé et improvise probablement en partie. Cela va du planant au rock.

Au niveau du style général pour le reste, c'est très variable. Le plus long morceau, "pacific haze" est effectivement très marqué par un certain jazz de type "big band", et on y entend d'ailleurs des trompettes non créditées sur le CD (je doute qu'elle viennent des claviers). L'autre titre long "inside out muse" est davantage blues au début et la performance de Steve y est splendide avec plusieurs solos aux sons variés mais les saxos de Atzmon tirent le morceau vers le jazz. Il y a aussi des éléments de bluegrass, de blues, de rock mais tout cela garde souvent une filiation plus ou moins grande avec la musique de Yes. Bref, ça fait quand même un peu progressif ! Au sens large du terme, à cause du mélange des genres et de la structure parfois assez complexe des rythmiques et des mélodies, certains morceaux le sont sans aucun doute. "smoke silver" avec ses nombreux changements inattendus l'est particulièrement en à peine 3 minutes !

Il y a trois titres chantés. Vu les capacités plus que limitées de Steve, cela fait un peu peur mais le guitariste a de toute évidence fait de gros efforts sur la production vocale, n'hésitant pas à se réenregistrer plusieurs fois. Ainsi le morceau d'ouverture "across the cobblestone" possède une saveur "yessienne" assez prononcée avec un peu de saxo et de flûte aux côtés des guitares et des claviers (mais cela reste discret quand même). "where I belong " un titre jazz-country plutôt acoustique est plus difficile au niveau chant… mais cela reste mieux que ses performances passées… Et "load off my mind" est blues rock, "façon Steve Howe" quand même notamment à cause de toute cette batterie de sons de guitare électrique très personnels !

Des guitares, parlons-en, on les compte à la pelle sur cet album, tant il y a parfois de parties différentes sur un titre, jusqu'à former parfois de véritables orchestrations - si l'on peut employer ce terme dans un cadre blues, rock et jazz car les influences classiques de Howe ne transparaissent quasiment jamais sur cet album…

Mais pour les amateurs de guitare, il y en aura pour tous les goûts. Steve est même crédité pour une "guitare virtuelle"… Lui seul sait ce que cela signifie ! Quoi qu'il en soit, il y a énormément de guitares électriques qui couvrent un spectre sonore extrêmement large, plus encore que sur l'excellent "Turbulence" de 1991 auquel cet album fait parfois penser.

Il est juste dommage que Steve Howe n'arrive toujours pas à nous proposer des morceaux vraiment ambitieux comme il sait le faire avec ses compères de Yes. La musique d' "Elements" est incontestablement variée, riche, dynamique, intrigante, souvent surprenante au niveau des arrangements mais elle n'est guère émouvante… Seul le final "a drop in the ocean" avec ses guitares cristallines dont les échos se répercutent à l'infini et aussi le mélancolique "tremolando" avec ses sons réverbérés ont réussi à toucher ma corde sensible.

Bien que présentant cet album comme celui d'un groupe, il est clair que Steve Howe garde la maîtrise totale de la direction musicale et il signe l'intégralité des morceaux seuls ! Les musiciens ne jouent probablement pas tous les cinq ensemble sur 50% de l'album. Bien sûr, il y des moments très plaisants, joyeux, une certaine excitation sur quelques parties particulièrement dynamiques ("whiskey hill" et ses mille guitares pète le feu sur un blues rock digne de ZZ Top en 2 minutes chrono !) et un beau travail d'expérimentation sonore (assez surprenant vu les influences plutôt traditionnelles abordées), mais cela ne suffit pas pour faire un très bon album. Celui-ci laisse quand même une certaine impression de désordre, d'inachevé aussi – car certains titres font un peu figure d'ébauches. Ce n'est pas la première fois avec Howe et on se dit qu'il pourrait certainement faire mieux (surtout quand on se rappelle le sublime "double rondo" pour guitare électrique et orchestre sur le "Steve Howe album" de 1979 !).

Mais si vous aimez Steve Howe le guitariste, ou tout simplement la guitare en général, cet album est certainement indispensable.

Marc Moingeon




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