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Annie Haslam : One Enchanted Evening (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°45)

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Annie Haslam semble se contenter de la voie de l'auto-production et d'une distribution assez limitée qui se cantonne surtout à la vente par Internet, sur les sites américains (voire uniquement le sien !), pour notre malheur. On aimerait que la grande dame du rock progressif essaie d'être distribuée en Europe, même si pour le Renaissance reformé en 1999, ce fût déjà extrêmement difficile (nous avons eu "Tuscany" avec plus d'un an de retard !).

"It snows in heaven too" est un recueil de morceaux festifs paru à la fin de 2001 tandis que "One enchanted evening" est un album live enregistré en 2002 dans une église et reprenant toute une collection de vieux morceaux plus ou moins célèbres chers au cœur d'Annie.

Le premier, 16 morceaux pour environ 53 minutes, est bien évidemment rempli d'hymnes traditionnels et de carols chantés au moment de Noël, de quelques morceaux classiques mais compte aussi trois morceaux jazz comme le célèbre et émouvant "white christmas" d'Irving Berlin qui conclut l'album.

Annie est accompagnée principalement par Rave Tesar au piano et aux synthés avec John Arbo (basse) et Joe Goldberger (batterie), assez discrets, sur quelques titres. Les claviers aux sonorités suaves et orchestrales règnent en maîtres et Tesar, auteur des arrangements, tisse de délicates textures symphoniques pour le plus grand plaisir de l'auditeur, qui malheureusement n'a plus souvent l'occasion d'entendre un véritable orchestre classique sur ce genre de projet… On trouve aussi quelques chœurs qui ne sont d'ailleurs pas crédités.

Annie possède toujours cette voix haut perchée et cristalline si caractéristique et toujours plus sensible avec les années. Elle donne ainsi à certains de ces airs très connus une nouvelle dimension. Citons en particulier "the snowman" du compositeur classique Howard Blake (déjà repris en instrumental sur "Bent out of shape" en 1983 par … Rainbow !), l' "ave maria" de Bach revu par Gounod – absolument superbe –, le très court "away in a manger" interprété a cappella et puis aussi le fameux et émouvant "little drummer boy" qui n'est pourtant pas à proprement parler une chanson de Noël mais qui figure souvent sur ce type de disques. On notera aussi parmi les grandes réussites le morceau original composé par Tesar pour l'occasion, qui donne son titre à l'album, une pièce magnifique qui devrait figurer un jour parmi les grands classiques de Noël si il y a une justice !

Inutile d'attendre des arrangements véritablement progressifs de cet album, qui est pourtant une totale réussite, raffiné, varié, paisible et souvent très émouvant.


"One enchanted evening" est lui aussi un album varié assez éloigné de ce qu'a pu faire Annie Haslam dans le passé mais on y retrouvera pourtant des traces de ses influences déjà présentes sur ses albums solos. Il s'agit de titres qui ont comptés dans son enfance ou son adolescence. On compte ainsi deux extraits des opérettes de Gilbert & Sullivan, deux de Rodgers & Hammerstein qu'elle reprenait déjà sur son "Live under brazilian skies" et sur son album solo "Annie in wonderland" en 78 : "nature boy / if I love you". Plus surprenant ce sont les deux chansons co-signées par Antonio Carlos Jobim, présentant un jazz rétro teinté de couleurs sud-américaines : "desafinado" et " quiet nights of quiet stars (corcovado) " ! Le fidèle Rave Tesar qui accompagne seul Annie au piano et aux synthés a également droit à son solo avec une très belle version de la "gymnopédie n°2" d'Eric Satie, agrémentée de variations.

C'est sans doute inhabituel pour des amateurs de rock progressif de se retrouver dans le cadre de ces chansons mais grâce à Madame Haslam, c'est l'occasion de revenir un peu en arrière sur de très belles mélodies dont certaines (issues du classique notamment) devraient plaire à un large nombre.

La voix de cristal d'Annie devient plus fragile avec les années et ne possède plus toujours la souplesse extrême nécessaire pour interpréter certains titres comportant des changements de registre très brutaux. Ainsi, on pourra remarquer quelques rares faiblesses ici et là sur cet album qui n'a vraisemblablement pas été retouché, preuve de son authenticité. Pourtant, on retrouve également l'immense chanteuse au détour de certaines chansons, avec des vocalises de rossignol absolument sans égal, notamment les deux morceaux de Haendel : "lascia chio pianga" et "dank sie dei herr". Et sans nul doute, nous avons toujours affaire à une très grande chanteuse sur la grande majorité de ces morceaux.

Bien sûr ce n'est pas un nouveau "Sheherazade" mais c'est pourtant bien meilleur sur le plan mélodique que pas mal de groupes prog actuels… C'est encore une occasion d'étendre sa culture musicale qui ne devrait pas s'arrêter au progressif pur et dur… Après tout, lorsqu'on aime le prog, on se tourne souvent vers les années 70, pourquoi ne pas remonter encore plus loin ? Deux albums plein de charme pour découvrir qu'une belle mélodie reste intemporelle…

Marc Moingeon




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