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Frost* : Milliontown (2006 - cd - parue dans le Koid9 n°59)

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Comment être à la fois original et rappeler les influences citées par Jem Godfrey dans cette interview ? Je peux toujours essayez de vous en convaincre, mais il vous faudra écouter l'album pour vous en rendre compte et si possible au casque. En fait, "Milliontown" peut s'écouter à plusieurs niveaux et, bien qu'il puisse être apprécié de façon immédiate grâce à ses mélodies accrocheuses, ses orchestrations symphoniques et ses parties instrumentales aux thèmes très forts, chaque écoute approfondie révèle un son original ici et là, des bruitages en arrière du paysage sonore, des effets divers… Dès "hyperventilate" (7:31) l'instrumental qui ouvre l'album, lequel empreinte aussi bien à IQ et à Genesis qu'à un rock moderne plus ou moins proche du metal, voire de King Crimson, on sent que "Milliontown" n'est pas un album comme les autres. Sans virer au metal (moins que Porcupine Tree peut le faire ces derniers temps, par exemple), Frost* recèle une énorme dynamique, une puissance rafraîchissante, compensée par des moments très calmes, avec piano acoustique ou réverbéré, claviers atmosphériques, voix éthérées, et puis l'ensemble est illuminé des soli de guitares lyriques dont John Mitchell a le secret (il se dépasse particulièrement sur une partie d'anthologie dans "black light machine" (10:06)). Les petites influences moyen-orientales, les échantillons vocaux ici et là… tout cela fourmille d'idées, assemblées avec un petit grain de folie et de fantaisie unique.

Le chant, pourtant tout sauf négligeable, n'est pas envahissant, juste employé à bon escient. Ce n'est pas plus mal car le timbre un peu guttural et légèrement voilé de Jem Godfrey, qui ressemble assez à celui de Mitchell dans The Urbane, n'est pas le plus grand atout du disque, bien que les voix soient traitées de diverses façon, tout en laissant percer une certaine sensibilité (cf. le très beau et vaporeux "the snowman" avec piano et une sorte d'orgue de barbarie trafiqué). On finit par s'y attacher, surtout que ses mélodies vocales sont réussies, facilement mémorisables. Quant à son jeu, il est particulièrement brillant mais sans abus. Les sons particuliers de synthés peuvent parfois rappeler le type de recherches sonores de Peter Gabriel sur des albums comme le "4", les musiques de "Birdy", "Passion" ou "Up" : non seulement originaux mais le plus souvent pleins de relief et de profondeur… froids ou artificiels occasionnellement, quand Godfrey sent que c'est le moment de placer un petit côté techno-pop ! Et au milieu de tout cela, le piano garde une place importante. Bref, les claviers sont ici un point fort en comparaison d'autres groupes de progressif actuels, dont les instrumentistes manquent parfois singulièrement d'imagination.. Et puis il y a de temps en temps quelques boucles rythmiques, une batterie qui peut, suivant les titres, sonner de manière acoustique, ronde, chaleureuse ou bien plus sèche et électronique. Au fait, Andy Edwards est un batteur remarquable, qui démontre ici plusieurs facettes de son talent, complété à merveille par le trop souvent sous-estimé John Jowitt.

On appréciera plus ou moins l'utilisation des sons plus rock et vaguement grungy sur "the other me" (4:51), le seul titre trop lourd (la batterie et la basse saturée !) et au refrain un peu répétitif, à mon humble avis (qui rappelle vaguement "dirt" sur le "Us" de Pete Gab') mais globalement, voici un équilibre de force et de finesse presque parfait… La cerise sur le gâteau c'est ce morceau-titre épatant qui constitue la deuxième moitié de l'album, un condensé de parties vocales fortes et de sections instrumentales magnifiques, qui combine un peu les fameux accords mineurs et les envolées lyriques de Genesis et IQ, des sections plus rock, d'autres simplement légères et sautillantes ou carrément intimistes, sans parler de quelques beaux duels guitare/claviers : une (longue) bouffée d'air frais !

J'ai failli oublier : la production est en tout point excellente !

"Milliontown" est vraiment la meilleure surprise prog de l'année, et on ne peut qu'espérer que Frost* se produira en concert en France… On en veut encore !

Marc Moingeon

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