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En 1993 était paru ce coffret appelé opportunément "Syd Barrett – Crazy Diamond" (du nom qu’avaient donné les survivants du Pink Floyd à leur ancien guitariste-chanteur sur l’album "Wish you were here" qui lui était consacré en grande partie ("shine on you crazy diamond"). Le coffret contient les 2 seuls albums originaux de Syd sortis tous deux la même année, augmentés de 6 prises alternatives pour le premier ("The madcap laugh"s – janvier 1970), de 7 pour le second ("Barrett" – novembre 1970) et d’un troisième CD nommé "Opel", rempli de chutes des premiers albums et sorti en 1988 augmenté lui aussi de 6 prises différentes de titres des 2 albums officiels.
Le départ officiel de Syd Barrett date d’avril 1968 et de son refus de collaborer au quatrième 45 tours du groupe "it would be so nice". Néanmoins, le groupe conserve sa participation pour son deuxième album "A saucerful of secrets" pour un seul morceau. Dès le 13 mai, Syd Barrett commence sa (courte) carrière solo en investissant les studios d’Abbey Road en enregistrant 2 nouveaux titres : "silas lang" (qu’on retrouvera sur "Opel" sous le titre "swan lee") et "late night" qui se retrouvera sur "The madcap laughs" en dernière piste. Il travaille de façon sporadique (les nombreuses substances illicites y étant sûrement pour quelque chose) jusqu’à la fin juillet 1968, mais il arrive à finir encore quelques chansons ("lanky – part one", "golden hair", "clowns and jugglers") qui finiront aussi sur Opel.
Syd ne retrouve les chemins d’Abbey Road qu’en avril 1969 et retravaille les titres "swan lee" et "clowns and jugglers", tout en créant de nouvelles chansons : "opel" (titre qui fera l’ouverture de l’album du même nom), "love you", "no good trying" (d’une durée initiale de 6’22 qu’on trouve en intégrale sur les bonus) et "terraplin" (qui ouvrira l’album "The madcap laughs"). Son producteur Malcolm Jones lui fait rencontrer le bassiste Willie Wilson et le batteur Jerry Shirley de l’ancien groupe de David Gilmour Jokers’ Wild et avec eux, il enregistre "no man’s land" et "here I go". En mai, quelques overdubs sont effectués sur les chansons existantes. Puis en juin, Pink Floyd, mixant dans le studio d’à côté ce qui allait devenir "Ummagumma", décida d’aider leur copain. Très exactement, c’est plutôt David Gilmour et dans une moindre mesure Roger Waters qui vont mettre la main à la patte. Dès lors, les chansons sont plus rapides à mettre en boîte et début août, l’enregistrement de l’album est fini. Finalement "The madcap laughs" sort en janvier 1970, précédé en décembre 1969 du simple "golden hair/octopus".
Le 24 février, Syd est reçu à l’émission Top Gear de John Peel et joue 5 chansons dont une seule ("terrapin") est issue de l’album. Les 4 autres sont : "gigolo aunt", "baby lemonade", "effervescing elephant" (qu’on retrouvera sur le second album) et "two of a kind" qu’il n’enregistrera jamais. 2 jours plus tard, il retourne à Abbey Road avec David Gilmour comme producteur. Très vite, "baby lemonade", "maisie", "gigolo aunt", "waving my arms in the air" et "I never lied to you" sont enregistrées. D’autres sont également mises sur bandes ("wolfpack", "living alone" et "bob dylan’s blues") mais refusées par Gilmour.
Après un break de 3 mois, Syd et David se retrouvent en juin où les titres "rats", "wined and dined" et un "wolfpack" retravaillés sont finalisés. Enfin, en juillet, après de nombreuses chansons délaissées (pas finies, ou ne plaisant pas à David), l’album est terminé pour une sortie en novembre.
Fin de la carrière solo de Syd Barrett, et début d’un long séjour en hôpital psychiatrique (le titre de son premier album était-il prémonitoire, ainsi que les mouches au plafond de la pochette du second ?).
En 1988, les fameuses chansons "disparues" réapparaissent sur l'album "Opel". En 1993, les 3 albums sont regroupés avec en bonus des versions en cours d'élaboration dans ce coffret.
Musicalement, on est à des années-lumière du Pink Floyd reconnu et établi depuis "Dark side of the moon". La plupart des chansons du premier album rappellent un peu l’esprit du premier album de Pink Floyd "Piper at the gates of dawn", mais sans être du même niveau. La plupart des chansons sont chantées à la limite de la justesse (parfois même au-delà !), étant accompagnées d’une simple guitare sèche et les fois où il y a de l’électricité, elles restent néanmoins bien mollassonnes. Le second album est sans contestation possible le plus réussi des trois. La participation musicale de Rick Wright et David Gilmour rajoute ce supplément d’âme qui manquait cruellement au premier album. "Baby lemonade" s’écoute encore avec plaisir, de même que "love song" et son petit piano désuet, ainsi que "dominoes" et sa guitare électrique enregistrée à l’envers lui donnant un petit air de Beatles. Les ratés sont néanmoins bien présent : "wolfpack" même remaniée n’est toujours pas un chef d’œuvre, le doublé "waving my arms in the air/I never lied to you" renoue avec la logique du premier album (la voix fausse, une guitare sèche et un rendu mou). Quant à "Ope"l, s’il avait comporté des morceaux d’anthologie, ça se saurait ! Ce ne sont que les titres laissés en plan parce déjà jugés trop faibles à l’époque ! Alors plus de 35 ans après, soit on les considère comme de rares reliques qu’on écoute religieusement en se demandant ce qu’aurait pu en faire Pink Floyd, soit on se marre ! "Opel" (le morceau) et ses 6 minutes de gratouillage à la guitare sèche, ou "dolly rocker", ou encore "word song" sont à la portée de n’importe quel compositeur en herbe qui connaît 3 accords de guitare ! D’ailleurs, si quelqu’un me faisait écouter ça aujourd’hui, je lui conseillerais de ne pas persévérer dans la musique, pour le plus grand bien de nos oreilles. Dieu, merci, c’est ce que quelqu’un a dû dire à Syd !
En espérant ne pas avoir été trop a-Syd….
Gilles (pas Nick) Mas(s)on
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