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Steve Wilson est vraiment un type dangereux. Ce doit être de rester en studios qui lui donne ce teint blafard. Et ces albums géniaux. Car ce "Blackfield II" est un bonheur total. De ces disques qui, une fois sur votre platine ou ce que vous voulez, ne vous quittent plus. Il est supérieur au précédant, ce qui, on en, conviendra, n’allait pas de soi compte tenu de la qualité du premier opus. Qu’est ce qui provoque pareille dithyrambe et surtout pareil émoi ?
Le premier "Blackfield" sonnait quelque peu comme un album solo d’un Steve Wilson laissant éclater le côté pop de son Porcupine Tree, façon "lazarus" sur "deadwing". Vous voyez ?
Ce coup-ci, il a laissé son alter ego israëlien Aviv Geffen composer bien davantage et le résultat est à tomber par terre. De richesse mélodique. De refrains qui ne vous emmènent loin. Aviv a amené dans sa besace (entre autres) des arrangements de cordes et de cuivres qui enjolivent tous les refrains mieux que ne le ferait un simple mellotron.
Les morceaux ? Assez courts avec très peu de solo pour SW. Le seul qu’il s’offre vraiment n’était en outre pas indispensable à la fin du pourtant sublime "miss U".
Pour le reste, on attaque avec "once" dans un registre connu. Batterie tribale, un soupçon de U2, beaucoup de PT ; guitare hargneuse et refrain qui tue ; plein de cordes et de cuivres. Ca sent le bonheur.
Nous y voilà ensuite avec l’une des plus belles : "1000 people". Piano hypnotique, guitares acoustique ; les paroles sont cafardeuses, certes, ("I wanna die") mais le refrain à pleurer. Si vous n’avez pas de frissons sur ces envolées vocales façon "I’m not in love" de Ten CC, on ne peut rien pour vous. "Miss you" ensuite. Que dire ? Ces violons ! Bon, on l’a dit ça se termine un peu en queue de poisson et c’est la seule fausse queue, justement, de cet album. Gavin Harrisson est à la batterie de "christenings" qui rappelle davantage PT. Les paroles stigmatisent la splendeur puis la décadence d’une ex-pop star rencontrée par hasard chez un disquaire… L’atmosphère, notamment par ses arpèges de guitares, rappelle certains morceaux de Pink Floyd période "Atom heart mother" - la vache ! - , une des influences majeures de SW.
"This killer" ? Rythmique lancinante, refrain à se damner, chœurs et gouttes de guitare comme une pluie délicate. Une des meilleures. La 6 ("epidemic") et l’on remet du charbon dans la machine. Aviv hurle "yeah yeah yeah" et nous fait penser de loin par son chant à… Liam Gallagher d’Oasis. Ca enfle jusqu’à explosion finale. Une de celles qui reviendront en boucle un peu plus tard.
Les deux suivantes sont mes préférées. "My gift of silence" est doucement chantée par Wilson. L’ampleur du refrain est confondante, la batterie de Tomer Z (un tout bon !) remarquable. "Don’t change your self" chante Wilson. Non. Ne change pas, Steve. Ensuite "some day" dont le final envoit droit dans la stratosphère. Mieux encore que dans "glow" sur l’album précédant, le crescendo final toutes cordes lâchées est inoubliable. "Some day" ? Some more plutôt… "Where is my love ?" et "End of the World" concluent majestueusement un CD qui consacre le talent conjugué de deux mélodistes sur lesquels les fées de la prog voire de la brit pop se sont penchées. Quand on pense au succès de Coldplay (par exemple) on pleure de voir SW si méconnu. Enfin, pas par nous, veinards que nous sommes.
Jean-Marie Lanoë
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