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Barrock : La Strega (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°31)

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Voici un morceau de choix pour les amateurs de parties de clavier bien ciselées et inventives, qui fait cependant la part belle à quelques superbes morceaux de bravoure à la guitare électrique.

Barrock est avant tout une histoire de famille : les 3 frères Poles, mais c’est surtout l’œuvre du multiforme Valter Poles, aussi à l’aise sur les touche blanches et noires qu’à la 6 cordes.

Les morceaux, courts pour la plupart (de 2 à 5’, et un de 11’), explorent des contrées passionnantes : tantôt étranges, glauques et inquiétantes (nappes de claviers atmosphériques et enveloppantes et guitares vibrantes, proches de la saturation), parfois mouvementées (rythmes syncopés façon ELP, avec un jeu qui rappelle aussi celui de son compatriote claviériste Doracor) et souvent romantiques. Les plus connaisseurs d’entre vous pourront y voir fréquemment un rapprochement avec le travail du japonais Motoi Sakuraba : un symphonisme altier dont la complexité technique ne masque jamais la forte dimension émotionnelle.

Tous les morceaux sont réussis dans des styles différents, mais on remarque surtout "la mutazione", le plus long et le plus mémorable, de même que son prolongement logique "romanza". Le premier commence en force par un enchevêtrement de notes à l’orgue Hammond façon Emerson , puis la mutation s’accomplit et la musique se fait soudain douce et poignante avec une guitare lyrique à souhait sur un tempo très lent. Ce thème est repris ensuite par une soprano à la voix de sirène, dont les vocalises vous filent le frisson et semblent vouloir vous attirer à elle. Après quelques minutes de lévitation au dessus du sol, inéluctablement le charme est rompu, tel le carrosse de Cendrillon redevenant citrouille, la mutation en sens inverse s’effectue et la tension revient. "Romanza", tout aussi superbe, remodèle complètement ces thèmes, d’abord sur un mélange de piano et de flûte, puis avec à nouveau des vocalises posées sur un fond orchestral majestueux. On retiendra aussi "la preda" qui, après une entrée en matière toute empreinte de romantisme, nous entraîne dans une course poursuite effrénée autant qu’inquiétante. Je ne peux m’empêcher de signaler enfin "solo con le ali" au thème bouleversant à la guitare et aux nombreuses surprises.

En bref, il s’agit là d’une petite merveille qui ne laisse pas indemne à chacune de ses écoutes (nombreuses, nombreuses, ...).

Michael Fligny




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