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Ce début de millénaire est une période des plus prolifiques dans le monde du rock progressif. Nous croisons sur notre chemin de passionnés d'innombrables groupes de qualité ; nos amis hollandais ne sont d'ailleurs pas en reste. Nous constatons chez eux l'émergence d'une nouvelle vague prog qui prit son essor avec Like Wendy, Flamborough Head et se développe avec Turbulence, Trion et maintenant Us. Le groupe existe depuis 1975, il s'appela tout d'abord Saga, (cela ne s'invente pas), se sépara en 1983 pour nous revenir en 1998 sous le nom de Us. Il sortit un premier CD en 2001 ("A sorrow in our hearts") et ne mit que deux années pour refaire parler de lui avec ce nouvel opus. Disons le tout net : "Eamon's day" est un joyau de presque 65 minutes dans lequel nos cinq musiciens proposent une musique de néo-progressif de toute beauté, avec seulement cinq titres mais quels titres !! La majorité des morceaux est composée par le bassiste Jos Wernars, son frère Ernest est aux claviers, Peter de Frankrijer aux guitares et Paul Van Velzen à la batterie. Les festivités s'ouvrent avec "eamon's day", une première secousse de dix minutes alternant passages calmes et fiévreux. On continue dans le sublime avec "sea song", et ses quinze minutes lumineuses. Dans Us, il y a un chanteur, un vrai, Stephan Chistiaans, qui fait passer une émotion constante dans ses interventions et dont le timbre rappelle à la fois le Peter Gabriel des seventies et Fish. Avec "sea song", il est au plus haut du feeling. Le morceau commence par de multiples breaks pour arriver à un passage plus calme à la guitare acoustique, puis les claviers se font omniprésents, la basse ronfle et enfle. Après un solo de claviers et de basse, la machine repart à mille à l'heure. Nous avons vécu déjà vingt cinq minutes d'intensité constante, il fallait un titre plus calme. "Happy suburbia" est une ritournelle apaisante à la "blood on the rooftops" (si vous voyez ce que je veux dire) avec seulement guitare électrique, claviers et la voix de Stephan. Cinq minutes de paix et d'harmonie avant de redémarrer la machine. "The tunnel" continue le chemin tracé par "sea song", le son se fait plus heavy, les différents climats s'enchaînent et se télescopent avec bonheur. Pour finir en beauté, une suite de vingt-sept minutes et demie nous conte les moments les plus importants de la vie d'un être humain, entre sa naissance et sa mort (rien de moins). "Life in progress" est une oeuvre somptueuse et très riche musicalement, pleine de changements de rythmes et d'invention, avec des claviers prédominants, une batterie-métronome à la hauteur de l'ambition du morceau et des solos de chacun des instrumentistes. Nous avons toujours la manie de citer des références : ici, on ne peut nier celles de Yes, Genesis, Marillion et des principaux groupes néo des années 80. Mais comme avec une poignée de groupes actuels, ces références ne sont parfois qu'une base de départ (dans la construction des morceaux et la manière de ressentir les mélodies) pour le développement d'une musique qui devient peu à peu autonome de ces mêmes références et s'avère aussi riche que celle de ces célèbres prédécesseurs. N'oubliez pas dans vos achats de printemps cet "Eamon's day". Si vous aimez le néo-progressif inspiré et virevoltant, ce CD n'est pas près de quitter votre platine.
Raymond Sérini
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