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J’ai longtemps nourri le regret d’avoir été trop jeune pour pouvoir admirer sur scène Peter Gabriel et sa bande à la grande époque Génésisienne du "Rock Theatre". Alors, quand durant l’hiver 2001 le "all star band" du prog moderne a annoncé sa tournée européenne, mon sang n’a fait qu’un tour et je me suis payé une place pour leur passage à l’Elysée Montmartre !
Le concert fut épique (vous y étiez ?), et pas seulement parce que le public dut attendre 3 heures dans le froid avant d’entendre retentir la première note (vous vous souvenez ?).
A présent que l’ami Neal Morse a choisi d’entrer dans les ordres (ou presque …), et qu’en conséquence les chances de contempler à nouveau sur scène ce fabuleux groupe (ou d’espérer un nouveau CD) sont devenues quasi nulles, ces prestations live, et en particulier le double CD qu’il me revient de vous présenter aujourd’hui, ont quasiment valeur de relique !
Mais au fait, c’est quoi un "groupe 100% stars" ("all star band") ? C’est par exemple un groupe dans lequel on trouverait outre Neal Morse précité ("initialement" Spock’s Beard comme le précise pudiquement le revers de la pochette, le monsieur étant claviériste/chanteur de son état), Pete Trewavas (Marillion, bassiste), Mike Portnoy (Dream Theater, batterie) et Roine Stolt (The Flower Kings, guitare).
A l’exception de Pete, chacun de ces messieurs est le leader/compositeur principal de son groupe, chacun desdits groupes faisant autorité dans son "créneau" respectif (neo-prog, hard-prog …). Alléchant tout ceci, non ?
Cette précision faite pour nos jeunes lecteurs ou fraîchement convertis au rock progressif (la relève est là, j’espère ?!), tout cuistot sait pertinemment que mélanger les ingrédients les plus raffinés ne suffit pas à assurer la réussite d’un plat.
Eh bien jeune lecteur, accroche-toi au canapé car justement si Transatlantic (né de l’union de stars du prog des deux rives de l’atlantique) est devenu un groupe mythique, c’est que les ingrédients (la formidable technicité individuelle de chaque membre du groupe) et la recette (la force des compositions et la formidable cohésion entre les musiciens) sont de la plus haute volée qui soit.
A posséder absolument donc, les deux premiers (et derniers ?) albums du groupe, à savoir "SMPTe" (2000) et "Bridge across forever" (2001) auxquels ces concerts avaient pour ambition de donner vie.
Parvenir à rassembler sur une scène pour une tournée complète (et même deux, cf l’autre double CD "Live In America" dont je ne parlerai pas ici) 5 leaders de groupes ayant tous un agenda de ministre tenait de l’exploit, et c’est sans doute la première vertu de cet enregistrement.
Ah oui, j’oubliais de citer le pote suédois de Roine, Daniel Gildenlöw, guitariste virtuose et leader du fantastique groupe de hard-prog Pain Of Salvation venu prêter main forte aux 4 compères pour la tournée.
Sur cet enregistrement réalisé à Tilburg (Pays Bas), on retrouve la même configuration qu’au concert Parisien, à savoir à ma gauche Neal et ses claviers juchés sur une estrade, faisant face à Mike dont la tour de Babel constituée d’innombrables cymbales, toms, caisses trône sur le côté droit de la scène au sommet d’une seconde estrade.
Entre les deux, Roine à côté de Neal, Pete à côté de Mike et derrière tout ce beau monde à la seconde guitare, Daniel.
Au programme 6 titres pour … près de 2h30 de musique ! Du vrai prog quoi ! Plus précisément, le groupe a choisi l’équilibre parfait entre les deux albums en interprétant 3 morceaux de chaque, ce qui nous donne dans l’ordre, "duel with the devil", "my new world", "we all need some light", "suite charlotte pike medley", "stranger in your soul" et "all of the above".
Transatlantic n’ayant pratiquement produit que des petits chefs d’œuvres, le choix des titres live a du s’avérer Cornélien.
Pour ma part, la sélection finalement opérée me semble quasi-idéale. Ce ne sont pas les titres les plus simples (en existe-t-il d’ailleurs dans la maison Transatlantic ?), mais ils font indubitablement partie des meilleurs. Je pense par exemple pour n’en citer qu’un au sublime "my new world", dont l’intro au piano par Neal colle des frissons qui ne disparaissent pas avant que les 16 minutes du titre ne se soient écoulées. La prise de son est exemplaire, de celles qui installent le groupe devant votre canapé, vous permettant presque de les toucher (pratique pour ceux qui ont raté le concert !). La transparence, la sensation d’espace et la précision du message sont à la hauteur d’un enregistrement studio. Il faut entendre les attaques de Pete sur ses cordes de basse ou la frappe lourde mais précise de Mike ! Somptueux !
On verrait presque Neal adresser d’incessants clins d’œil et sourires de connivence à Mike de l’autre côté de la scène, comme à Paris ! Bref, un ensemble de titres merveilleusement interprétés, une technique d’enregistrement exemplaire et des musiciens hors pair au mieux de leur forme, je crois que ça s’appelle un super CD live non ? A noter pour celles et ceux qui viennent d’investir dans un lecteur de "Versatile Disc" que deux autres conditionnements sont également disponibles : un double DVD, et ce même double DVD + le double CD du concert.
J’ai tout dit ? Je crois bien oui, mais il y a quand même quelque chose qui me chiffonne … Ah oui ! Dis donc Transatlantic, vous n’allez tout de même pas nous planter comme ça après deux si fantastiques LP et un live de légende, non ?
Allez Neal, déconne pas, reviens !
Serge Llorente
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