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"Extinct instinct" fut le 3ème album studio de Threshold. Après le magnifique début "Wounded land" avec le chanteur Damian Wilson, en 93 (remaster chroniqué dans Koid'9 42) et "Psychedelicatessen" avec son remplaçant Glynn Morgan, le groupe change pour la 2ème fois de chanteur (et encore de batteur !), mais c'est en fait pour retrouver Damian, uniquement le temps de cet album et de la tournée qui suivra. "Wounded land" développait un nouveau type de heavy metal progressif très mélodique souvent pesant et majestueux (avec des synthés orchestraux ET solistes, plus 2 guitaristes solistes) tout en étant assez complexe. Le second album, tout en restant progressif, était nettement moins mélodique, intégrant aussi une assez grosse influence de Metallica (style "Black album", "And justice for all") au niveau du son des guitares et même des riffs saccadés et rythmiques hachées. Glynn Morgan était également bien plus agressif que Damian. "Extinct instinct" se situe grosso modo entre les deux. Il est probablement l'album le plus progressif de Threshold au sens de la complexité de structure des morceaux. Pour preuve, les Anglais arrivent à nous asséner plus de 12 sections sur l'incroyable "eat the unicorn" en à peine 10 minutes ! Et ce n'est pas le seul titre long et tarabiscoté, sans parler des sons de synthés plutôt modernes et de bruitages occasionnels. L'album original contenait 10 morceaux dont 4 titres dépassant 6 minutes, 2 de 8 et un de 10 !
Musicalement, malgré de belles harmonies de guitare et des passages cristallins, il reste beaucoup de riffs hachés et sons plombés, parfois un peu de chant de type "ch?urs scandés" qui sera diversement apprécié. Threshold possède cependant l'intelligence de ménager assez souvent dans ses morceaux des moments apaisés et plus mélodiques ; de plus, il y quand même deux belles ballades, dont une est entièrement acoustique ("forever", "clear"). On en a rajouté une troisième en bonus, signée Damian Wilson, l'émouvant "mansion". A ce propos, la performance de ce dernier est étonnante, notamment sur de nombreux passages incroyablement difficiles à chanter. Heureusement qu'il y a les moments plus doux pour aussi apprécier sa grande sensibilité.
Sur le plan technique, tout cela est très fort, c'est clair. Plutôt original aussi. Mais "Extinct instinct" est parfois difficile à suivre, épuisant. Seul quelques titres comme "lake of despond" rappellent vraiment l'esprit du premier album, lourd, dramatique et majestueux.
Bref, c'est un album qui nécessite pas mal d'écoutes attentives pour être apprécié (ce n'est pas pour la bagnole !) mais on pourra se lasser plus ou moins facilement de son côté agressif et de cette complexité, que certains assimileront à de la surenchère gratuite et que d'autres considéreront comme le point le plus intéressant !
Côté pratique : ce remaster de 78 minutes possède un son vraiment excellent, possédant une clarté et une profondeur accrue, le rendant sensiblement supérieur à l'original (le guitariste Karl Groom est aussi un super ingénieur du son). Par ailleurs, comme d'habitude avec le label Inside Out, tout est fait pour fournir le meilleur rapport qualité prix possible : 4 morceaux bonus dont "mansion", plus un court interlude acoustique et deux versions "single" de 2 autres titres. Ajoutez à cela un livret magnifique de 20 pages avec beaucoup de photos inédites et surtout des commentaires de Groom et West sur chaque morceau, en plus des textes, qui sont souvent très travaillés et intéressants dans Threshold. Cerise sur le gâteau : l'étui cartonné pour protéger le boîtier !
Note : 3/5
Marc Moingeon
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