(683 mots dans ce texte ) - lu : 870 Fois
Keith Emerson ayant édité ses fonds de tiroirs en CD et Greg Lake publié son DVD live le trimestre dernier, il ne manquait plus que le P. d’E.L.P. : c’est chose faite ! Voici le DVD du Carl Palmer Band. Après une entrée sur scène sur un fond musical étonnant signé d’Offenbach, on fait connaissance des 3 protagonistes sur scène : au centre sur une batterie presque "normale" (caisse claire, charleston, double grosse caisse, 2 toms médiums, 2 toms basses, 4 cymbales) non surélevée, nous découvrons un Carl Palmer, coupe de cheveux quasi militaire, impérial, entouré à sa gauche d’un jeune bassiste (6 cordes) inconnu dans nos contrées (Dave Marks) et à sa droite, non pas d’un clavier comme on aurait pu légitimement le supposer, mais d’un jeune prodige (Paul Bielatowicz) qui reprend pour guitare les partitions originellement composées pour claviers ! L’interprétation courte (moins de 3 minutes) de ce "Peter Gunn" a de quoi surprendre celui qui connaît par cœur la version qui ouvrait les concerts d’E.L.P. en 1977. Á l’aide de pédales diverses ce diable de guitariste arrive à varier ses sons comme le faisait Keith mais sans guitare synthésisée ! Mais on n’est pas au bout de nos surprises car voici que s’enchaîne "barbarian" qui voit cette fois le bassiste jouer à son tour de ses pédales pour assurer les parties de synthés, et se mettre lui aussi au tapping pour doubler la guitare ! Carl quitte sa batterie et vient au micro pour présenter ses 2 musiciens avant de lancer "hoedown" Certes, ce n’est pas la première fois que j’entends ce titre extrait de "Trilogy" (1972) interprété à la guitare mais de cette façon, je ne l’avais ni vu ni entendu : quelle rapidité, quelle maestria ! D’ailleurs après "enemy God" et "L.A. nights" extraits de "Works", Carl laisse Paul et Dave s’exprimer seuls autour d’une adaptation du "vol du bourdon" de Rimsky-Korsakov. Á vous dégoûter d’apprendre à jouer de la guitare ! Puis, après un bref "J section", c’est au tour de Dave Marks de prendre la vedette pour une relecture inhabituelle du "message in a bottle" de Police au cours duquel slap, tapping, harmoniques, accords, échos, boucles, bref toutes les techniques du bassiste surdoué défilent, en faisant, en plus, participer le public ! Comment vous dégoûter de devenir bassiste en moins de 7 minutes ! Se suivent d’autres extraits de la longue carrière de Carl ("bullfrog", "toccata", "canario", "tarkus" et autre "fanfare for the common man") avant qu’il ne s’attaque lui aussi à son solo. Tenant ses baguettes comme les batteurs de jazz, et devant si peu de matériel (on est loin des fastes de l’âge d’or d’E.L.P. ou d’Asia – fini les monstres de batteries surélevées qui tournent entourées de gongs inutiles), Carl arrive à nous étonner avec des sons "simples" : roulement sur cymbales, jeu de double grosses caisses, rythme sur le cercle des fûts, etc… Bref à vous dégoûter … Un dernier rappel ("carmina burana") et c’est la fin de ce show surprenant de moins d’une heure vingt-cinq !
Sur ce DVD trouve-t-on des bonus ? Aucun !
Du son à déchirer les oreilles ? Même pas ! Une simple stéréo et basta !
Des images à couper le souffle ? Bof, on est loin de la haute définition !
Alors, que reste-t-il ? Eh bien rien, sinon l’essentiel : à savoir une musique de génies jouées par des petits génies d’aujourd’hui ! Á déconseiller fortement aux apprentis de la Star Ac’ car ici il n’y que de l’Art !
Aux antipodes du DVD de son ex-collègue Greg Lake, boursouflé de suffisance et de bonus aussi nombreux qu’inutiles, à la musique interprétée sans âme et sans passion par de trop nombreux musiciens qui sentaient le cacheton, Carl Palmer a su s’entourer d’un nombre restreint de musiciens mais ô combien prodigieux et passionnés de musique pour une relecture aventureuse mais ô combien passionnante des partitions d’E.L.P. Et si finalement ce n’était pas ça, le plus luxueux des bonus d’un DVD ? Une musique intelligente jouée intelligemment !
Gilles Masson
Temps : 0.0393 seconde(s)