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A vue de nez c'est le quatrième long métrage des protégés du Triton, le petit club des Lilas, situé à l'est du périphérique parisien. C'est là que, comme son prédécesseur "Ewaz Vader" (déjà encensé par Renaud dans le Koid9 n°60), nos quatre hommes en noir ont réalisé du début à la fin (enregistrement, production et label) ce nouvel opus qui devrait être celui de la consécration.

Mais la consécration auprès de qui au juste, c'est bien là le problème ! Comment convaincre des gens qui s'enfuient à la seule évocation de termes du genre "musique instrumentale ambitieuse", "prog", "zeulh", "jazz", "français" ? One Shot a la malencontreuse mauvaise idée de cumuler toutes ces tares ! J'ai donc bien peur qu'une fois de plus ce disque ne touche qu'une poignée de téméraires qui auront bravé tous ces tabous. Le plus grave dans l'histoire n'est pas de ne pas aimer un disque, chacun en a le droit, mais bien de carrément l'ignorer pour des tas de mauvaises raisons. Or si la musique de notre quator n'est pas une musique de masse, elle ne peut toutefois laisser indifférent l'auditeur qui aura l'audace de venir s'y frotter.

Tant pis, nous serons donc une poignée de privilégiés à être touchés de plein fouet par la beauté de ces 7 compositions et à être scotchés aux murs par une telle puissance de feu. C'est que, sans être metal pour un sou, cette musique est malgré tout incroyablement heavy, portée par une batterie et surtout une basse énormes, cette dernière étant bien sûr toute droit sortie de l'univers Magma. Toutefois, bien que 3 des membres en sont issus, continuer de comparer One Shot à la maison mère Magma serait une aberration. Plus de 10 ans après sa formation le quator est aujourd'hui totalement émancipé et son spectre sonore laisse également transparaître un petit côté King Crimson de l'époque "Red". A cela il faut rajouter un certain sens du groove hérité du jazz et on aboutit à une musique toute personnelle et envoûtante. Figurez-vous qu'au moment même où je mets cette chronique en ligne sur notre site je suis en train d'écouter l'album "Simétricanarquia" de Dificil Equilibrio et que je lui trouve par moments certaines similitudes dans le style.

Laissez-vous aller à monter le son, genre thermostat 12 : je vous promets les frissons et un éclatement du cortex en des milliers de petites bulles de plaisir qui vont se répandre dans tout votre organisme. C'est exactement l'effet que m'a fait la première écoute de cet opus majeur. C'était sur la sono du Triton justement, en attendant le début d'un autre concert. Je me suis illico pressée au bar pour acheter l'objet, décue d'avoir loupée quelques jours plus tôt le concert lié à sa sortie officieuse.

Heureusement pour moi "Dark shot" est également accompagné d'un dvd du concert de janvier 2008 toujours au même endroit. De quoi doubler le plaisir. Si on en doutait encore ce film ne fait que confirmer la cohésion et le talent époustoufflants qui animent ces 4 garçons. Loin de tisser des phrases faciles la trame mélodique à l'unisson du clavier et de la guitare ne franchit cependant jamais la limite de l'expérimental. Je ne saurais trop vous le répéter : c'est puissant, complexe mais toujours coulant.
S'ils ne sont pas là pour rigoler instruments en main, dans l'interview en bonus, Messieurs Borghi, Bussonnet, Jeand 'heur et Mac Gaw s'affirment quand même comme de sacrés boute-en-trains ! Une chose est sûre, le 17 octobre cette fois je serai au Triton pour les applaudir (*). Vous pourrez en faire de même le 21 novembre au Fil à St-Etienne, au Moulin de la Vapeur à Olivet (45) le 12 décembre et au Jardin Moderne à Rennes le 19 décembre. L'album est quant lui désormais disponible chez Musea. Pas de doute, il sera dans mon top de l'année !

Laure Dofzering

(*) c'était malheureusement sans compter sur la réunion parents-profs organisée le même soir ... Faîtes des gosses !

Myspace du groupe