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Vinnie Moore : To The Core (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)

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Huit longues années depuis le dernier album solo de l'un des plus grands guitaristes ayant émergé durant ces années 80, fertiles en virtuoses d'un genre nouveau, solidement éduqués en théorie musicale ou tout simplement diplômés de conservatoires comme le désormais fameux Berklee College of Music. Depuis l'excellent "Defying gravity" en 2001, Vinnie est devenu le guitariste de UFO (leur 3ème album avec lui, "The visitor", a été passé en revue dans Koid'9 en 2009).

Si Moore a démarré sa carrière en mettant en évidence des influences classiques et un goût affirmé pour les structures progressives, il a également démontré assez vite sa versatilité, avec deux opus plus heavy, plus simples et plus bluesy, "Meltdown" et Out of nowhere".

"The maze" (1999) et "Defying gravity" (2001) mêlaient toutes ses influences tout en renouant avec la veine néoclassique en introduisant aussi son goût pour le flamenco acoustique.

Le guitariste adore mêler les genres et c'est encore ce qu'il fait aujourd'hui, allant bien au-delà des limites imposées par son rôle dans UFO. Pourtant, certains trouveront que "To the core" est un peu différent de ce que à quoi l'on pourrait s'attendre de sa part. On trouve ici beaucoup de riffs épais et de rythmiques mises en avant, parfois lourdes, parfois au contraire fluides et légères, le tout éventuellement sur un même morceau ("Fly" entre autres)  ! Des synthés aux textures très artificielles, des programmations électroniques apparaissent ici et là au milieu de titres quand même bien rock  ! OK, Joe Satriani et Marty Friedman l'ont déjà fait mais c'est peut-être plus subtil ici, un peu différent même si on pense effectivement à "Engines of creation" sur un morceau ou deux. Et en réécoutant "Defying gravity", on se rappellera que Moore avait déjà expérimenté quelque peu avec ces sonorités, d'ailleurs. Il y aussi le groove et des tonalités jazzy, comme sur la longue "ballade" mélancolique "soul caravan" (5:55) où figure un saxo non crédité (peut-être virtuel mais alors d'un réalisme saisissant  !). Ce n'est pas si surprenant si on se rappelle que notre homme a toujours aimé le jazz-rock, source de modèles incontournables pour les guitaristes de cette génération (DiMeola et Holdsworth en tête).

Un détail n'a pas changé  : la virtuosité exceptionnelle du guitariste demeure éblouissante mais il y a aussi beaucoup de passion et finesse dans son jeu. Est-ce dû à l'emploi de ces nouvelles guitares Dean, mais son timbre cristallin sur les parties solistes, que l'on remarque aussi sur le nouveau disque de UFO, est réjouissant. Cela ne l'empêche pas de jouer avec la distorsion et, sur l'ensemble, les solos semblent souvent plus libres et improvisés qu'auparavant, avec toujours cette fluidité exceptionnelle.

Même si l'album s'éloigne des rivages plus ou moins progressifs que le musicien a pu aborder, on est loin de morceaux simplistes, même s'ils sont parfois très directs et assez puissants en apparence. La science de l'arrangement de Vinnie est également toujours impressionnante, et il a su une nouvelle fois s'entourer d'une équipe de talent  : Van Romaine à la batterie (Steve Morse Band), Tim Lenhert aux claviers (il n'est pas présent sur tous les morceaux, semble-t-il, mais sur la plupart) et John diServio à la basse.

Le son de ce disque est un pur plaisir, au delà de la musique qui y est gravée. Non seulement tout est impeccablement joué mais la clarté exceptionnelle de l'enregistrement et du mixage permet de profiter pleinement du jeu de chaque musicien, et surtout sans que la guitare écrase tout.

Alors, "To the core" décontenancera probablement plus d'un fan du guitariste par sa diversité et son éloignement des rivages néoclassiques mais le côté progressif demeure sur plusieurs titres, ne serait-ce qu'à travers les divers éléments fusionnés.

On aurait seulement aimé quelques morceaux épiques aux influences classiques ou tout simplement orchestraux, genre dans lequel Moore a atteint des sommets rarement égalés. Mais le musicien semble avoir de nouveau renoncé au genre. Reste un album assez réussi et des compositions riches et variées, avec une pêche remarquable.

Marc Moingeon




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