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Après le décevant "Bandwith", l’album de la reformation de 2002, les Muffins ont repris le chemin de l’écriture et des studios d’enregistrement pour deux ans encore. L’age d’or de ce groupe américain correspond exactement à celui d’une autre formation , elle aussi américaine, Happy The Man. Tout cela s’est passé à la fin des années 70. Si je parle de ce dernier groupe c’est parce qu’il existe un lien musical entre ces deux formations. Et aussi parce que le groupe de Frank Wyatt vient lui aussi de sortir un nouvel album en 2004. L’école de Canterbury est à l’honneur. Du coté des Muffins, on s’attardera plus vers le jazz à grands coups de sections de cuivres et un peu vers les musiques avant-gardistes (le R.I.O en particulier). Comme leurs collègues, un premier album très canterburien "Manna/Mirage" sort en 1977 qui restera au fil des années leur chef d’œuvre. Quelques années plus tard, ils jouent pour Fred Frith dans l’album "Gravity", le premier solo du guitariste d’Henry Cow, qui produira "185" l’album de la dissolution en 1981. "Double negative" est une parfaite synthèse de tout cela. Les morceaux sont le plus souvent enchaînés, ce qui donne un coté conceptuel à l’ensemble. Très accessible dans l’ensemble mais d’une durée importante (78 minutes), il manque par conséquent d’unité. Une durée plus courte aurait permis l’élimination de quelques titres (tous assez courts dans l’ensemble) assez pauvres du point de vue de l’arrangement, voire même de la construction thématique. Il manque la force originelle des débuts. Les sonorités des claviers numériques modernes et un batteur un peu fatigué ne vont rien arranger à l’affaire. Les moments forts, car il y en a encore, heureusement ("angel from lebanon" est un bon exemple, ainsi que le dernier quart d’heure de l’album), sont surtout du fait des fameuses sections de cuivres qui confirment au passage qu’ils sont la marque de fabrique des Muffins. "Double negative" est, comme son prédécesseur, le résultat mitigé d’une collaboration heureuse de vieux complices qui confortera les sceptiques des reformations tardives.
Patrick Robinet
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