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Avec ce disque, je suis devant un cas de conscience : quel avis donner sur ce groupe et sur la musique qu’il produit ? Vous allez comprendre…
Mind Furniture est originaire des Etats Unis, et " Hoop of flame" est son second album. Il ne comprend que deux pièces de 23 et 29 minutes, en réalité deux suites de cinq morceaux reliés entre eux par des séquences de liaisons en nappes, ou bruitistes. Sur le fond, il met en son des textes ambitieux d’ordre métaphysique… ce n’est pas ma pauvre compréhension de l’anglais oral qui me l’a soufflé, mais la fiche de présentation rédigée par Musea qui distribue ce groupe pour la France.
Passons au contenu. La musique de Mind Furniture n’est pas spécialement mauvaise, elle est juste vieillotte, voire gentiment poussiéreuse. A cet égard, le mix sonne totalement seventies : il est extrêmement précis (on entend parfaitement toutes les pistes) mais d’un académisme absolu et la production est plate. L’exemple de la batterie qui sonne creux et sans effet représente à lui seul la parfaite illustration d’un travail qui a su saisir la précision du jeu du batteur sans réussir à lui donner l’envergure des sons d’aujourd’hui. Mais il serait trop facile d’incriminer le seul ingé son. Au niveau de l’écriture musicale, le compteur lui aussi est resté bloqué sur la prog des années 70 : usage kaléidoscopique de toutes sortes d’instruments et construction de morceaux très classique, oserais-je dire "à l’ancienne". Il n’y a absolument rien d’actuel là-dedans. En résumé, le mix est gominé (rien ne dépasse), les sons sont naphtalinés et les compositions totalement revival : Mind Furniture vient d’inventer le prog traditionaliste !
Et puis en même temps, cette musique tellement datée n’est pas désagréable. Du coup, elle nous apporte sur un plateau tout le charme suranné de la mélancolie, ce qui est finalement un sentiment plutôt agréable. J’ai d’abord commencé par me demander comment on pouvait encore produire un tel album en 2008, et puis je me suis laissé prendre par le plaisir de remonter le temps. Cette madeleine musicale, incongrue dans la prod actuelle, nous emmène dans un flash-back d’une trentaine d’années, ce qui n’était sûrement pas, j’imagine, l’objectif de départ de Mind Furniture. De fait, l’identité du quintet est à rechercher du côté de Kansas, avec parfois des consonances folk. Les constructions sont bien articulées, les instruments maîtrisés et la voix du chanteur se situe quelque part entre le timbre de Ian Anderson (Jethro Tull) et le côté un peu nasal de Mark Knopfler… Musicalement et vocalement, il y a pire comme référence.
Du coup, vous cernez mieux mon désarroi. Et comme finalement je suis plutôt un bon garçon, je vous conseillerais de ne pas bouder cette expérience, de la prendre comme une parenthèse old school à sucer comme les bonbons de notre enfance, et puis de retourner aux affaires courantes.
Dominique Jorge
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