Lana Lane : Covers Collection (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°47)

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Le nouvel album de la nouvelle diva du "rock symphonique" est un album de reprises comme son titre l'indique. Quel intérêt, me direz-vous ? Eh, bien c'est déjà l'occasion de découvrir quelques morceaux que vous ne connaissez probablement pas car la dame et son mari Erik Norlander s'y entendent pour dénicher d'excellents bijoux méconnus – comme ils l'avaient déjà fait sur "Ballad collection". Et puis, vu le talent de la dame et de son mari, il est parfois plus qu'intéressant de découvrir de nouvelles interprétations de grands classiques du rock sophistiqué. Les notes du très beau livret, rédigées par Norlander et toujours aussi détaillées, sont particulièrement intéressantes (si vous lisez l'anglais, évidemment). Je connaissais seulement 5 titres sur 11 (de 4:18 à 8:27 pour un total de plus d'une heure), les comparaisons se limiteront donc à ceux-ci. "The wall" de Kansas ouvre le bal de très belle façon ! Lane contrôle parfaitement sa voix claire et vibrante et exécute les lignes vocales difficile de Steve Walsh avec beaucoup de brio tandis que l'altiste Novi Novog remplace Robby Steinhardt.

Norlander agrémente les arrangements de piano et d'orgue et vous retrouverez quasiment partout le légendaire mellotron (instrument dont il exploite la plupart des sonorités !) plus un clavecin, un orgue d'église (!) et quelques synthés. Le son est très organique, chaud et parfois franchement symphonique avec ces claviers-là. Norlander joue aussi un peu de guitare et de basse ! Côté guitares, celles-ci sont présentes mais pas toujours omniprésentes, avec la participation du fidèle compère des Rocket Scientists, le subtil Mark McCrite, un certain Gabriel Moses un peu plus bluesy, le non moins fidèle Neil Citron (et un invité de marque dont je parlerai plus loin). La basse est aux mains extrêmement compétentes de Tony Franklin. A part ces musiciens, l'album bénéficie de la participation de Novi Novog (alto sur six titres) et du violoncelliste Cameron Stone (sur deux titres).

Un autre morceau, assez méconnu, d'un groupe fameux, c'est la splendide ballade "don't try so hard" de Queen ("Innuendo") dont le rythme a été quelque peu altéré. Pas aussi fantastique que l'original mais bien quand même… Lana Lane est quand même une très grande chanteuse du rock, pouvant rivaliser de puissance avec la plupart des chanteurs de hard mais capable de beaucoup de subtilité également. Sa voix est d'ailleurs assez semblable à celle d'Ann Wilson de Heart, mais elle est sans doute plus mesurée dans les passages rock. Plus prévisible : un hit incontournable - surtout en France ! - c'est "still loving you" des… Scorpions, vous le saviez quand même, non ? Version courte cependant… (les idiots !) mais très subtile et plus acoustique avec alto et clavecin. D'ailleurs, il y a pas mal de ballades sur cet album, notamment les très beaux "soaring" (du groupe pro américain méconnu Avarie), "innocence" repris d'Enuff Z'Enuff et puis une très belle version du "weep in silence" d'Uriah Heep, un morceau bluesy mais aussi planant qui rappelle David Gilmour !

Histoire de se ressaisir un peu, on a une version bien rock du célèbre "hold your head up" de Rod Argent. (le genre de morceau qu'on connaît sans le savoir !) et puis "I'll see you in my dreams" de l'éphémère groupe de "hard FM" formé par le guitariste de session Dan Huff, Giant.

J'ai gardé les deux titres les plus ambitieux pour la fin. En premier l'orientalisant et dramatique "kashmir" de Led Zeppelin est très convaincant grâce à la performance magnifique de Lana, qui fait aussi bien sinon mieux que Robert Plant !! Dommage par contre que Gregg Bissonette ne soit pas John Bonham… On aurait préféré Nick D'Virgilio qui intervient sur un seul titre. Et le clou c'est un titre un peu à part qui date de 1999, enregistré avec Arjen Lucassen et son batteur Ed Warby ! Et cette reprise là vaut l'album puisqu'il s'agit d'une version magnifique du mythique "stargazer" de Rainbow ! D'ores et déjà, autant dire que Lana s'en sort très bien pour passer derrière l'exceptionnel Ronnie James Dio !! Lucassen n'est peut-être pas Blackmore mais il nous offre une très belle performance aussi… Une version assez fidèle à l'original… sans l'orchestre mais avec plein de synthés symphoniques et des solo de violoncelle et de synthé en plus de celui de guitare… tout cela est très grandiose quand même ! Huit minutes de bonheur pour conclure un album peut-être pas révolutionnaire mais qui vaut vraiment le détour. Quand on a la chance d'avoir une chanteuse de cette classe qui vous fait des reprises de 11 très bons morceaux dans des genres assez divers, on ne s'en prive pas. Pourvu que ce CD soit bientôt distribué en Europe.

Marc Moingeon






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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