La Desooorden : Ciudad De Papel (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°65)

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Whaou  !....

Oui, bon, d'accord c'est un peu sec ! Je vais devoir développer un peu sous peine de carton rouge ! Le problème est que je ne sais pas trop décrire cette musique à l'instrumentation riche et soignée. J'ai pris le pari de me payer ce cd uniquement à l'écoute du morceau qui donne son titre à l'album. Et bien ces 7 minutes ne mentent pas quant au reste de son contenu. Du coup, en gagnant mon pari, j'ai aussi gagné le droit de partir en quête du reste de la discographie pour aller plus loin que ces 62 minutes épiques d'un groupe dont je n'avais jamais entendu parlé !

Mais avant tout, un peu d'histoire. Le groupe, originaire de Valdivia, une ville de 140.000 habitants au sud du Chili, existe depuis 1994. Comme beaucoup, il a connu son lot de changements de personnels et ceci est le quatrième album, après "El mounstruo de 7 cabezas" en 2001 qui regroupait des titres de 1994 à 2000, "Ensayo" en 2002 et "La isla de los muertos" en 2004. La musique est très engagée puisque ce dernier narrait une période sombre de l'histoire du Chili en 1903 et 1906 aboutissant à la mort de 200 personnes, hommes, femmes et enfants. En 2007, il a également donné matière à un DVD en association avec les instances culturelles de leur ville. "Ciudad de papel" traite lui des plantations de celluloses aux portes de Valvidia et de leurs répercussions sur l'écologie.
Musicalement, la démarche me rappelle un peu After Crying dans l'alternance de passages très calmes et magnifiques et dans les montées d'adrénaline, tout comme dans la confusion des genres. Mais La Desooorden est chilien, c'est toute la différence et là s'arrête la comparaison. La palette sonore est liée aux racines du groupe, le lyrisme tout sud-américain donne une chaleur incroyable à ce disque pourtant grave... Et ce chant ! Cette voix chaude, au timbre parfois proche de... Nougaro ou des espagnols de Baron Rojo (toute ma jeunesse !) est un régal. Depuis toujours je trouve que la langue espagnole chante d'elle-même. Quel regret de ne pas l'avoir étudiée au lycée ?
Percussions, cuivres, instruments locaux et guitares tranchantes déroulent l'histoire sans que jamais votre attention ne retombe. Le tour de force du groupe est d'avoir su à merveille retranscrire dans sa musique la tension et la tragédie du thème de l'album. On est conscient du danger sans comprendre un traître mot (dans mon cas) de ce qui se dit ! L'auditeur est pris dans un tourbillon de sons et d'ambiances : chants d'enfants, pureté d'un violon, passages jazzy, virages heavy, douceurs andines ou fureur d'une tronçonneuse. Tout s'enchaîne et se croise naturellement sans heurt, cette musique coule de source. Voilà bien un groupe qui donne ses lettres de noblesse au qualificatif de progressif : aucune référence aux recettes éculées du passé, c'est bien une musique de son temps, malheureusement trop recherchée pour attirer les foules bien trop occupées à se gaver des télés et radios fast-food. Et après tout, c'est aussi bien ainsi : un trésor n'a de valeur que si l'on est peu nombreux à en jouir.

L'écrin est tout aussi beau : un luxueux digipack, en autoproduction comme les autres albums.

A l'heure où j'écris ces lignes, un aperçu de chacun est disponible sur www.myspace.com/ladesooorden et les 2 derniers opus sont en vente chez Musea. Je vais vite aller échanger celui de 2004 contre quelques Euros. Pour les 2 premiers, je crains que cela soit plus difficile !

Je me prends à rêver qu'un Chicago qui n'aurait pas tourné rance, pourrait, en prenant une tangente latine, nous proposer quelque chose d'assez similaire aujourd'hui. La grosse claque de ce début d'année !

Laure Dofzering

Site du groupe






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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