L'impero Delle Ombre : L'impero Delle Ombre (2005 - cd - parue dans le Koid9 n°53)

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Quand il voit la pochette de l’album, l’amateur de musique rock & progressive se dit qu’il vient de tomber sur un album de musique extrême, entre Death brutal et Black Metal scandinave, l’archétype du disque qui va exploser ses tympans, ses enceintes, ses relations de bon voisinage et ses convictions religieuses.

Bien que le squelette à la faux ait l’air plutôt sympa, le chroniqueur qui s’y connaît suppute déjà le carnage électrique contenu dans la petite galette brillante. Alors, d’une main tremblante, l’auditeur appuie sur "Play" tout en gardant l’autre main sur le bouton "Volume", histoire de ne pas être surpris par un démarrage cataclysmique. Sur le premier titre, c’est en fait le "lac des cygnes" qui est revisité par un piano inquiétant qui introduit en douceur "condanna", un morceau de huit minutes. L’apocalypse prévue n’a pas lieu. Mieux, c’est un Heavy Metal à l’ancienne qui est proposé. Un peu répétitif certes, mais enjoué, technique, chanté très correctement (en italien), avec des chorus de guitares précis et peu démonstratifs. Ben, y sont où les cris des monstres, les grognements d’outre tombe, les hurlements de damnés ? Pas dans ce premier album de l’empereur des ombres, dont le son un peu daté, rappelle immanquablement Black Widow et Black Sabbath.

Rassuré, le chroniqueur détaille un peu les infos fournies par Black Widow (le label, pas le groupe !). Apparemment L’impero Delle Ombre officie dans un style nommé "Dark Heavy Prog", et rassemble sur cet opus la rythmique du défunt combo Sabotage, les frères Caroli (Enrico à la basse, Dario à la batterie), ainsi que les frangins Cardellino (Giovanni au chant et Andrea à la guitare). Les musiciens affichent sans pudeur leurs influences : Le Sabbath d’Ozzy, Jacula (pas très connu il est vrai), la NWOBHM des 80’s (Angelwitch en tête), la scène Metal italienne (de Malombra à The Black).

A l’écoute, on pense surtout aux groupes de Hard Rock des 70’s. Le titre "rituale", concis et direct, donne même dans le Stoner nordique. "Tormento…" et ses 9 minutes de Doom Metal inspiré se rapproche de " Sabbath bloody sabbath" le plus progressif (si l’on peut dire) des disques du sabbat noir. Tout ici est excellemment fait, avec de la recherche dans les développements, en contraste avec des riffs efficaces omniprésents, avec aussi ce chant en italien, expressif et posé, qui confère une certaine originalité à ce type de Metal si conventionnel. Et puis, il y a pas mal d’imagination dans les enchaînements entre l’intro "nel giardino", le lourd "il giardino dei morti" et la pièce "ghost" découpée en 4 parties. Bien que basique, la musique est ambitieuse et réfléchie, à la manière d’un My Dying Bride par exemple.
Une réserve sur les lyrics qui ne parlent que de morts, de corps, de désolation, de malheur, de revenants et d’autres sujets tout aussi sympathiques. Bon, je ne parle pas italien (pour les traductions, voyez Jo Drogo ! ) mais ces poncifs deviennent un peu gonflants à la longue…
L’album se conclut sur le définitif "corpus, animae et spiritus", qui sonne plus moderne, plus actuel, à la façon d’Abiogenesi ou de Death SS pour rester dans le Hard transalpin.

L’auditeur, surpris et charmé, se dit qu’avec une prise de risque accrue, ce groupe pourrait marcher sur les traces des grands groupes métalliques assagis tels Amorphis ou Anathema. Il conviendra donc de garder un œil sur ces lugubres italiens.

Dominique Reviron

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Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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