King Of Agogik : The Rhythmic Drawing Room (2009 - 2 cd - parue dans le Koid9 n°72)

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La vie d?un chroniqueur est épatante. On reçoit un CD et en avant pour la surprise, bonne ou mauvaise. On connaît les détracteurs de la prog' comme si on les avait faits. Ils n?aiment pas, entre autres, le "complicoïde", la virtuosité gratuite et les plans repompés sur Genesis, Yes et Cie. Ça tombe bien, nous non plus, et toujours pas une ligne sur ce King of Agogik et son troisième avatar, "The rhythmic drawing room", écouté en voiture entre Le Mans et Auxerre  ; 300 kilomètres  ; il fallait bien ça puisque le CD est ? hélas ? double  : deux fois 67 minutes à s?infuser. Gasp  ! (Interjection période Mandrake). De douces boucles de synthé, un orage, un avion qui s?écrase, une batterie martiale  : où va-t-on  ? Rejoindre ici la cohorte des détracteurs. Première constatation, tout est prétexte à mettre la batterie en avant. Renseignement pris, ce troisième opus de KOA est le projet du batteur allemand Hans Jörg Schmitz qui s?occupe aussi des synthés et de la guitare en compagnie, quand même, de quelques camarades éclairés. Un homme orchestre aux audacieuses idées. La lecture d?articles de quelques uns de nos confrères nous apprend que l?"agogik" (en allemand) est la doctrine du mouvement dans l?exécution musicale. Avant d?avoir lu cela, on avait décidé d'inventer ? à nous le copyright ? la notion de "freeprog". La mélodie, quand il vous semble en tenir une ne tenant pas la minute et laissant place aussitôt à autre chose. Principe même, donc, de l?agogique. C?est compris, dans le fond  ? Le constat est rude pour des oreilles non exercées et les nôtres n?ont pas envie de l?être. Les bonnes idées assimilables, si vous les attrapez au vol, ne rempliraient pas un seul CD ni même un EP. Bon sang, à quoi rime donc cette odieuse et insoutenable démonstration  ? OK c?est sûrement un grand batteur, pas de doute là-dessus. C?est un déluge de partout et les nappes de synthés, mouvantes, volatiles sont un solide support pour l?avalanche. Parfois, on surprend un furtif clin d??il ou d?oreille à Genesis ou Jean-Michel Jarre. Si si  ! Il y a même l?esquisse ? mais l?esquisse seulement ? d?un blues scandé par des animaux de la ferme. Le pire c?est que cette ?uvre n?est pas fondamentalement dissonante, non. Les instruments sont connus et joués somme toute classiquement. Mais la trame, le contenu, sont tellement passés au dessus de notre tête qu?on renonce ici à évoquer tel ou tel morceau. Untel fait vingt minutes, divisé en quatre chapitres, un autre fait deux minutes mais aurait pu faire partie du précédent? D?ailleurs le lecteur CD ne peut pas suivre l?étiquetage du produit? Au final, d?odieuses pièces montées dont on ne voit pas la fin et dont on ne comprend même pas qu?elles finissent  ! Le musicien se comprend mais il ne doit pas être nombreux?

Pour spécialistes hyper-spécialisés  ! Pour les esthètes fondus. Mais sans nous. On n?a pas capté l?émotion. Ni l?agogique dont Hans Jörg est sans aucun doute le roi.

Jean-Marie Lanoë






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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