Tadashi Goto : Soundscape (2006 - cd - parue dans le Koid9 n°60)

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Ce jeune compositeur de 30 ans est également professeur d'anglais dans une grande école de Nagoya au Japon ce qui explique la sortie de ce CD en 2005 alors que les titres datent de Noël 2000 à fin février 2001 (enregistrés entre novembre 2003 et février 2004 en Australie et masterisé par Dani).

"Moratorium" (1?24) est un morceau plutôt technoïde pour l'intro.

"World update" est du jazz-rock mâtiné de Eat Static, soit un mix entre un rythme technoïde et une complexité et des sonorités jazz-rock. L'ensemble est très entraînant. Tout est fait aux claviers mais ça embarque facilement.

"Lapstone" est plus barré, entre un prog à la Ars Nova ("Book of dead") et toujours le jazz-rock de bon aloi. Mais notre ami ne se contente pas d'une ou deux lignes mélodiques, ça rebondit et enchaîne les thèmes, toujours très nerveux, enlevés. La dernière minute est grandiose.

J'adore "depth interview", mélange de jazz-rock et de rythmes technoïdes. On y trouve même des phrases de claviers de chez Dream Theater. (normal Tadashi cite Derek Sherinian parmi ses idoles ). Les programmations sont extrêmement bonnes et riches car on ne se rend jamais compte que notre gars est seul. Il utilise pour ses compositions des synthétiseurs de génération plus ancienne dont il retravaille les sons en additionnant des rythmes synthétiques.

"Loverless" est un mélange de sax alto et soprano toujours joué aux claviers, c'est hallucinant le nombre de sonorités que notre homme maîtrise. On a vraiment l'impression d'être en face d'un vrai groupe. Tu m'étonnes que pour mener seul ce projet de bout en bout ça ait pris autant de temps mais le résultat est bluffant.

"Soundscape" (11?08) est le plus long morceau. Le début me ferait presque penser au dernier album de Proto-Kaw ! Les programmations rythmiques sont imparables, quel talent d'ordonnateur chez ce type. Quel talent de composition ensuite... Quel sens du mariage de sons très modernes à une structure plus établie. J'adore tous ces partis pris. C'est souvent la même recette mais déclinée tellement différemment tout au long du disque, à savoir des rythmes technoïdes très riches, un emballement jazz-rock et des sonorités jamais les mêmes, le tout provoquant un effet explosif, toujours très riche et enthousiasmant. On se surprend sans arrêt à pianoter des doigts, headbanger ou jouant avec de fictives baguettes.

De plus c'est un très bel album de claviériste, quel pied vraiment.

"Science without humanity" possède une ouverture imposante, emphatique et puissante presque métal, puis "egawanesque" (Gerard), folie éruptive que tempèrent les obligations de structures et figures imposées jazz-rock.

De mémoire c'est la 1ère fois à ce point que non seulement des programmations ne me dérangent pas mais en plus les siennes sont remarquablement bien pensées et réalisées. Le rythme est toujours enlevé. Dernier tiers très prog quant aux sonorités de claviers, le but est grandiose.

"Swan song" est le plus intimiste, des bruitages pour rendre l'atmosphère plus restreinte, et un talent certain dans la maîtrise des rythmes d'abord en les pensant puis en sachant les recréer. Ensuite un piano solo plein de grandeur créatrice et de nouveauté qui me touche beaucoup.

Avec "The uncertainty of life", on passe d'un truc presque classico-classisant à de nouveau ce mix techno/jazz-rock. J'ai oublié de dire que notre ami s'y entend depuis le début pour recréer presque à l'identique avec ses claviers tous les instruments dont il a envie d'entendre la couleur : sax, guitare, batterie et ce sous toutes les déclinaisons possibles.

En fait le gars est simplement "juste" tout le temps et ça c'est vraiment du TALENT.

Si l?intro de "  yin and yang  " fait penser à Deep Purple, une monstrueuse basse enlève tout sur son passage et le tout vire en un jazz-rock colossal enfiévré et dégoulinant de puissance et d'exubérance de claviers.

En fait c'est juste le disque que j'ai envie d'écouter en ce moment, à la croisée de plein de chemins.

Mais on dirait qu'on vire un peu trop jazz-rock en ce moment dans Koid'9. Je m'en vais vite me réhabituer au basique néo parce que sinon on va perdre des lecteurs ; pas bon ça !!

Bruno Cassan






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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