Amarok : Sol De Medianoche (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°62)

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Le groupe espagnol a finalement trouvé refuge sur un label américain. Si vous l'ignorez, Amarok est essentiellement le bébé du multi-instrumentiste Robert Santamaria (qui signe tous les morceaux sauf un), un claviériste versé dans tout un tas d'autres instruments (accordéon, flûtes, dulcimer et santur, guitares acoustiques, percussions diverses, etc.) et toujours plus éclectique que jamais, qui inscrit ici un nouveau chapitre (ce doit être déjà leur septième album) dans sa world music progressive, intégrant des folklores venus de nombreux pays : Amérique du nord, Canada, Inde, Extrême-Orient (Japon, Tibet, etc.), Moyen-Orient (Turquie en particulier), Espagne, Irlande, Europe de l'Est, etc. A côté de ça, Amarok intègre beaucoup d'éléments de jazz et de progressif typé années 70. Comme leur leader est en particulier un grand fan de Keith Emerson, il n'est guère étonnant d'y entendre une reprise de son "abaddon's bolero" (Trilogy – 1972).
Aux côtés de Santamaria, on retrouve les fidèles Marta Segura (chant), Mireia Sisquella (saxos) et Manel Mayol (flûtes et didgeridu), plus une nouvelle section rythmique : Alan Chehab (basse), Renato Di Prinzio (batterie) plus une bonne poignée d'invités (guitare électrique sur trois titres, chœurs, violon, etc.)

"Sol de medianoche" se compose de 11 morceaux et totalise plus de 65 minutes. Globalement, c'est un album un peu plus facile d'accès que "Mujer luna" de 2002, par exemple. Les saxos sont plus mélodiques (on trouve aussi flugelhorn et trompette sur 5 titres). Plus de chanteur à la voix éraillée, et un peu moins de rythmes syncopés frénétiques. On a une succession de pièces courtes (souvent instrumentales) et de suites nettement plus longues en plusieurs parties (ici, on en a trois qui dépassent largement les 10 minutes). Les arrangements sont essentiellement acoustiques, si on excepte les parties de basse, d'orgue et de mellotron évidemment, plus un peu de guitare électrique (sur trois titres). Le son est vraiment très riche et varie suivant les morceaux, lesquels mêlent souvent plusieurs types d'influences folkloriques en même temps. Evidemment, le chant en espagnol de Marta Segura donne une coloration latine, mais il y a aussi des chanteuses bulgares à un moment ! Et les autres instruments se chargent de nous faire voyager aux confins des 5 continents.

Amarok n'évite pas toujours certains écueils : le mélange de jazz sautillant avec certains éléments folkloriques n'est pas toujours heureux. Or, ce côté jazz (parfois assez moderne et dissonant) et les rythmes syncopés demeurent assez abondants ici, au risque de lasser un peu sur la longueur. Gare aux allergiques ! Les pièces plus lentes et/ou mélancoliques me semblent plus réussies. Un mot sur la reprise de "Abaddon's bolero" : elle est quasiment sans clavier, la mélodie étant jouée au dulcimer puis au sax et enfin des vocalises se superposent vers le troisième tiers. C'est original ! Mais quand Marta Segura se met à pousser des vocalises de plus en plus aigues dans un style à mi-chemin entre jazz et fado/flamenco, cela devient franchement pénible – tout du moins à mon sens.

Si vous connaissez déjà Amarok, cet album ne devrait pas vous décevoir. Et pour les découvrir, il constitue un point de départ intéressant. Le groupe gagnerait pourtant à diminuer le côté jazzy ou tout du moins à le rendre plus accessible.

Marc Moingeon

Site du Label : ProgRock Records






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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