4/3 De Trio : Ersatz (2004 - cd - parue dans le Koid9 n°50)

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On avait quitté 4/3 DE TRIO en 1999, avec un premier album, "F4/3lesse", plein de promesses, mais pas mal de points à digérer et repenser (notamment le chant…). On les avait revu peu après lors du festival "off" de Corbigny, où le groupe avait brillé par son intelligence mélodique et sa fougue.

Mais il aura finalement fallu attendre 5 ans pour retrouver les 4 musiciens au sein d'un nouvel album. Dans les faits, "Ersatz" a pourtant majoritairement été enregistré en 2000, mais la mort dans un accident de voiture de Didier Pegeron (batterie et guitare), a mis un terme à l'existence du groupe, et si ses membres se sont réunis une dernière fois, c'est pour achever ce disque, à la mémoire de leur ami.

Les premières secondes de "solmhinärm" (composé par le bassiste Romain Gayral), qui ouvre le disque, sont un choc que l'on ressent somme toute assez rarement. Il y a des œuvres qui s'attachent à vous avec le temps, des groupes dont on apprivoise la musique à force de patience et détermination, et des titres qui s'imposent comme une évidence, comme si on les avait déjà écoutés toute sa vie. "Solmhinärm" fait définitivement partie de ces derniers. Atypique, superbe mélodiquement, à la rythmique inventive et bénéficiant d'un ensemble de cordes magnifiquement intégré, on ne pouvait rêver meilleure entrée en matière.

Bien que le reste de l'album ne ressemble que peu à ce morceau, nous voila dans de bonnes dispositions pour écouter attentivement le reste du disque. Un "reste" d'excellente facture, autant mettre court immédiatement au suspense, depuis le hard-prog énergique qui évoque Magellan, en passant par les pièces complexes et sombres (avec une jolie variation sur le riff de "fractures" de King Crimson) et des passages que ne renieraient pas les musiciens d'Anglagard, sans pour autant trop accorder trop d'importance à des influences qui peuvent parfois peser.

"Ersatz" brille de bout en bout par sa maîtrise et le talent incontournable de ses musiciens ; comparé au premier album qui privilégiait les guitares (guitariste, claviériste et batteur s'y mettaient plutôt deux fois qu'une), celui-ci démontre une maturité d'écriture et un équilibre mélodique et instrumental à faire rougir bien des formations d'âge "mûr", et les jeux claviers/guitares de Sebastien Gramond et Guillaume Fenoy, les changements de tons et d'ambiance, notamment sur le morceau-titre et la suite "kossmokardak" sont un véritable régal ! Tout au plus pourra-t-on reprocher à "ayahusca" de privilégier l'harmonie à la mélodie dans des développements un peu creux. Rien de bien méchant. D'autant que le groupe a écouté les critiques et a finalement opté pour un disque à 90% instrumental, laissant seule au chant Elsa Klajnberg (qui rappelle Sylvia Erichsen de White Willow) sur "la blonde".

Il n'y a pas vraiment lieu de tergiverser, "Ersatz" est un disque remarquable et magnifique, et l'on ne peut que souhaiter égoïstement que les membres du groupe se reforment et poursuivent l'aventure 4/3 DE TRIO en mémoire de leur batteur et ami disparu.

Note : 5/5

Daniel Beziz






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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