Electrum : Standard Deviation (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°45)

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Electrum est un trio américain qui en est à son deuxième album. Découvrir celui-ci fut une excellente surprise car il s'agit d'une véritable perle rare. Constitué de Gino Fotti (basse et synthétiseurs), Dave Kulju (guitares et synthétiseurs) et Joe Musmanno (percussion), Electrum est un groupe instrumental révélant des influences allant du jazz-rock à la musique classique en passant par Rush, une référence assez nette. Les claviers ont beau être assurés par le bassiste et le guitariste (peut-être à travers leur instruments à cordes d'ailleurs), ils ne sont nullement réduits au rôle d'accompagnement discret, bien au contraire. Orchestrations somptueuses et véritables solos sont au programme. Les trois musiciens sont de sacrés virtuoses. Mention spéciale à Joe Musmanno, batteur extrêmement doué et de la bonne vieille école, au son rond et feutré comme on les affectionnait il y longtemps… Sa frappe rappelle le meilleur Neil Peart ou Stewart Copeland (Police).

Sept morceaux allant de 2:09 à 14:34 constituent ce disque d'environ 46 minutes, bien rempli de thèmes et se solos en tous genres et dans lequel on ne s'ennuie pas, si on aime bien la musique instrumentale, évidemment. Les trois premiers titres sont de Fotti et sont les plus jazz-rock mais avec des tonalités à la Rush plus ou moins nettes, période "Making movies" ou "Signals", soit dit en passant, mais avec davantage de synthés. "the will to power" qui ouvre l'album sur près de 9 minutes possède quelques réminiscences de "yyz" par exemple. Les quatre derniers morceaux, signés Kulju, sont plus marqués par la musique classique (cf. les orchestrations splendides de "seven falls, eight rises" la très longue pièce à la fin de l'album) mais l'ensemble s'avère très riche et contrasté. Bien qu'ils soient d'excellents instrumentistes, les trois musiciens n'oublient pas les mélodies et l'album reste très accessible, à part quelques passages légèrement dissonants et le petit clin d'œil à Djam Karet ou King Crimson, le court "appartment living" (2:09). Bien sûr il y a des moments de tension, comme dans le trio canadien d'ailleurs. Le son des instruments est souvent assez propre sans être froid, subtil, les synthés sont magnifiques et aériens. Côté guitares, cela dépend… Dave Kulju ressemble quand même pas mal à Alex Lifeson vers 1980-84 dans les parties saturées.

Le groupe sait jouer sur tous les registres, s'amusant avec des changements de rythmes terribles mais menés tout en souplesse, des montées en puissance dramatiques, des accalmies très subtiles avec parfois la basse fretless comme principal instrument mélodique, des envolées lyriques et orchestrales… Il faut bien plusieurs écoutes attentives pour en faire le tour car tous les morceaux évoluent de façon intelligente et maintiennent l'attention.

Le son est clair mais manque un peu de dynamique. Cependant, cela reste plus que correct, surtout pour une auto-production. Electrum est un groupe de talent, original et je leur souhaite vraiment bonne chance.. J'attends avec impatience leur prochain album !

Marc Moingeon






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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