Echoes : Nature / Existence (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)

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Echoes est une formation venue du Venezuela, un sextuor fondé fin 2004, qui possède donc déjà une certaine expérience et pratique une musique qu'on peut classer dans le metal progressif, avec quelques morceaux ou passages s'en écartant assez nettement. Le groupe compte pas moins de 3 guitaristes, aussi intéressés par les guitares électriques que classique ou acoustique, mais pas de chanteur  ! Les musiciens ont donc eu recours à 4 invités pour les parties vocales sur ce disque, parmi lesquels Nick Storr du groupe australien The Third Ending. Les textes sont l'?uvre d'un parolier extérieur au groupe, Stefan Schneider. On remarque aussi la présence d'un saxophoniste invité sur deux morceaux. "Nature/Existence" est un album-concept constitué de 12 titres enchaînés (de 1:45 à 6:33), dont 6 chantés et 6 instrumentaux, certains de ces derniers étant quand même relativement courts. Malgré la mention des guitares classiques et acoustique, le son du groupe reste majoritairement électrique, avec une composante metal nette, notamment sur les quatre premiers morceaux. Cette couleur metal n'est cependant pas omniprésente? malgré des riffs archi-classiques, des roulements de double grosse caisse déjà entendus, etc.

Mais il faut attendre le 5ème titre pour s'en apercevoir plus clairement. Alfredo Ovalles sort parfois des sentiers battus en utilisant des sonorités de synthés abstraites et modernes qui côtoient le piano (fréquent) et des timbres de claviers plus connus (Hammond, sons tourbillonnants typés moog, etc.). Il joue également un peu de guitare slide et de percussion, et il a arrangé les orchestrations d'un quatuor à cordes qui intervient seulement sur un titre qu'il a composé seul, le splendide "farewell", tout en douceur et en délicatesse. Le chant est assez varié mais pas transcendant, Carl Webb qui intervient sur 2 titres possède une voix plutôt éraillée tandis que Nick Storr est plus polyvalent, et ses vocaux plus clairs dans l'ensemble. D'ailleurs, sa contribution sur "leaf motif" (6:12), un titre metal avec une touche futuriste, est assez convaincante et on aurait aimé l'entendre plus souvent. Tobias Jansson sur "unfair" (6:16) possède une voix profonde et plutôt claire qui convient bien à ce morceau à l'atmosphère dramatique alternant les riffs lourds et les sections plus légères avec piano et synthés aériens mais ses excès vocaux avant le solo de synthé sont assez dispensables.

C'est vers le dernier quart de l'album que Echoes devient plus original, (et nettement plus instrumental)  : solo de sax un peu déjanté après ceux de clavier et de guitare sur le contrasté "despair" (5:34), ambiance aquatique sur le court et très mélancolique "winds of dread" (3:41) avec ses effets de réverbération sur les claviers et les voix, la splendide pièce "farewell" avec piano, guitares classiques et un quatuor à cordes que l'on dirait sorti d'une suite de Fauré, et enfin l'instrumental "prologue" (4:49) plus symphonique que metal, tout cela fait une grosse différence par rapport aux autres groupes. Mais pourquoi attendre la fin de l'album pour proposer ces éléments bien plus inattendus et inspirés  ? On aimerait qu'il y ait nettement plus de moments de ce genre  !

Bilan mitigé donc, mais globalement positif, pour ce premier disque. Le mélange d'instruments acoustiques et électriques, les touches folk, voire jazz, qui surgissent occasionnellement apportent un vent de fraîcheur mais globalement, les parties metal majoritaires sont parfois convenues et franchement lourdes. L'absence d'un chanteur attitré, doté d'une voix claire et puissante comme cette musique le réclame, à mon avis, nuit à la qualité de l'ensemble. Echoes possède néanmoins du potentiel et sait se montrer capable de composer des morceaux très intéressants. Le groupe devrait ? à mon humble avis ?, se concentrer sur ses longues parties instrumentales bien construites tout en développant ces influences qui sortent du genre metal et lui confèrent une certaine originalité. Un groupe à suivre.

Marc Moingeon






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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