Cyan : The Creeping Vine (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°30)

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Le néo progressif anglo-saxon se porte bien. Les projets fleurissent à tout vent et la qualité des productions s’améliore d’année en année. Il en va de même pour ceux que l’on peut qualifier de "second couteau", à savoir tous ces groupes de seconde zone qui, jusqu'à présent, non pas su se faire remarquer avec une œuvre suffisamment ample pour tenir le haut du pavé. Le problème, bien souvent, vient du fait de la mauvaise qualité de la production qui fait d’un bon album, une œuvre pitoyable. Ce fut, en tout cas, le sort de Cyan avec ses 2 premiers albums ("For king and country" en 1991 et "Pictures from the other side" en 1992), non qu’ils soient mauvais mais la production faisait cruellement défaut. Cyan se devait de redresser le tir avec ce nouvel album.

"The creeping vine" est donc le 3eme album du groupe. Mais Cyan, c’est avant tout Rob Reed. Ce nom vous dit quelque chose ? Souvenez-vous, The Fyreworks qui sorti un album éponyme en 1997. Rob Reed y était crédité en tant que clavieriste. Il est clair que le néo progressif britannique est une grande famille. Tout le monde côtoie tout le monde. Il n’est donc pas surprenant de retrouver sur cet album, une partie des membres présents sur l’album de Fyreworks (Danny chang et Tim Robinson, batteur au jeu très riche) ainsi que son compère de toujours Andy Edwards d’Ezra.

Mais Cyan est également un duo, composé de Rob Reed, ça vous l’aurez compris, multi-instrumentiste, et principal compositeur et de Nigel Voyle au chant.

En huit titres, le groupe nous prouve que tous les espoirs qui reposaient sur lui, étaient bel et bien fondés. Je n’irais pas par 4 chemins pour vous dire que musicalement, le groupe est au summum de son art. Compositions imaginatives, gros travail sur les arrangements et une production au-delà de tout soupçon.

"Original sin", qui ouvre l’album, est un titre énergique agrémenté d’un solo de flûte. Du point de vue des claviers, c’est le grand jeu, analogique y compris. Puis vient (dans le désordre) : "gwenan" aux accents celtiques fortement prononcés avec l’apport d’une ribambelle d’instruments traditionnels. "I will show you life" et son petit coté jazzy. "The creeping vine" un titre que n’aurait pas renié Peter Gabriel (période Us ou So), dont le jeu de basse fretless souligne la délicatesse. Et "goodbye world", qui, à mon sens, est le meilleur titre de l’album pour deux raisons : son coté ambitieux et son clin d’œil à Genesis (grosse influence de Rob Reed qui ne s’en n’est jamais caché d’ailleurs). Ce titre est bourré de références, certes, pas toujours évidentes au 1er abord, sauf pour le Genessissophyle que je suis. Intro de piano très "the lamb lies down…", passage "carpet crawlien", jeu et son de clavier à la "slippermen"…Le solo de guitare dont nous gratifie Chris Fry est sublime. Ce musicien est, pour moi, la révélation de l’album. En parlant des solos, celui de Andy Edwards sur "the river" (2eme ballade avec "valhala") est loin d’être négligeable. Il suffit de l’écouter pour comprendre qu’Andy Edwards est aussi bon guitariste que chanteur (Ezra et Fyreworks).

Un seul titre quasi instrumental "home" sur lequel intervient Nick Barret (Pendragon) dont le jeu de guitare foudroie …Euh, non celle là, je l’ai déjà faite (hello Flod). Splendide.

Mon seul reproche, il en faut bien un (sinon je vais passer pour un pro néo prog 100%), vient du chant, lorsque que celui-ci est délicat, pas de problème, mais des qu’il faut forcer la voix, Nigel Voyle montre vite ses limites. D’autant plus, qu’elle est mixée trop en avant (à mon goût, bien évidemment).

Malgré cela, Cyan a su nous concocter là, une œuvre enthousiasmante, somptueuse et captivante. Cet album vaut bien plus que le détour, il démontre une fois de plus, la bonne forme du néo progressif anglais, et je ne peux que vous conseiller de jeter votre dévolu sur cette œuvre qui le mérite bien.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (néo progressif, cela va sans dire).

PS : Concernant la voix, je tiens à faire un petit rectificatif, parce qu’après de nombreuses écoutes, ce sentiment de justesse s’estompe relativement vite (qui a dit que j’étais un pro néo prog 100% ?).

Denis Perrot






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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