Tantra : Terra (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°45)

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Autant on connaît bien le prog brésilien (n’est-ce pas 2ni ?), autant le Portugal n’est pas un pays réputé pour son rock progressif… Seul Tantra a réussi à s’y faire un nom, à l’image de Triana en Espagne. L’analogie n’est pas innocente car ces deux groupes ont émergé dans la péninsule ibérique à la fin des années 70. Tantra a marqué son époque avec ses deux premiers albums ("Misterios e maravilhas" en 1978 et "Holocausto" en 1979), chantés en portugais et réédités par Musea. Tantra a jeté l’éponge en 1981 après un troisième album plus commun ("Humanoid flesh"). 20 ans après, voici donc le nouveau disque de ce groupe pour le plus grand plaisir d’Alexandre Dumas et des amateurs de progressif symphonique seventies. Comme Ange avant lui, Tantra (qui a largement remanié son personnel) a tenu à rebaptiser sa formation "Tantra second generation". Seul subsiste le "père" Manuel Cardoso, grimé en extra-terrestre (avec son crane en forme de cône et ses oreilles en pointe) comme il y a 20 ans !! "Terra" est un album remarquable, constitué de 11 titres dont 3 excèdent 8 minutes ("kali", "edge of oblivion" et "terra"). Sa musique, très personnelle, est gorgée d’émotion. La sonorité pure des guitares lyriques de Manuel Cardoso et de Bruno Silva rappelle la beauté de la six-cordes de Lele Hofmann (ex Clepsydra, Shakary) avec un soupçon de Santana (pour l’aspect typiquement latin). Pour autant, "Terra" n’est, à proprement parler, ni un album de néo-prog, ni de "world music" (on est très loin du fado !) : beaucoup plus aventureuse et complexe que les canons du genre, la musique de Tantra s’avère kaléidoscopique par ses multiples rebondissements rythmiques et thématiques, ses solos de guitare et de synthétiseur (excellent Ghillerme Da Luz). Le chant vient au second plan (le propos est largement instrumental), mais la voix de Cardoso est loin d’être désagréable, évoquant un Fish qui se serait mis au portugais. A noter qu’une choriste (Patricia Almeida) vient épisodiquement vocaliser aux côtés du bon Manuel. Pour peu que vous aimiez le grand Genesis, les Flower King, les premiers Marillion (je ne me fais pas de soucis pour ça !) et le chant en portugais (là, c’est moins évident), "Terra" de Tantra  est un maître achat. Une galette confectionnée des farines les plus précieuses…

Hubert Allusson






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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