Areknames : Areknames (2004 - cd - parue dans le Koid9 n°51)

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Areknames est un trio transalpin composé de Michele Epifani aux claviers (orgue, piano électrique, mellotron, clavecin et synthétiseur), guitares électriques et acoustique et chant, Piero Ranalli à la basse et de Mino Vitelli à la batterie, aux tablas et au djembe. En fait, il s'agit avant tout du projet du claviériste et leader Michele Epifani, qui a composé, enregistré et produit cet album et s'est adjoint les services de très bons musiciens pour la section rythmique.

Ce disque éponyme est tout en ambiances… si vous aimez celles de l'école suédoise (Anekdoten, Landberk et Anglagard en tête) très fortement teintées d'influences 70s, parfois heavy à la Atomic Rooster, avec une basse grondante, mais surtout sombres, à la Van der Graaf Generator, il est pour vous! Le premier titre, "a day among four walls", se charge de nous plonger d'emblée dans un trip à la Peter Hammill de la grande époque (celle de "H to He am the only one" et de "Pawn hearts"). Tout y est : la musique du trio alterne le côté sombre avec les passages plus doux et toute la puissance sous-jacente –trop- longtemps contenue s'exprime lors des passages plus violents (souvenez-vous des paroles de "killer", le morceau d'ouverture de "H to He am the only one" : "So you live in the bottom of the sea, and you kill all that come near you .... but you are very lonely, because all the other fish fear you... (Ainsi tu vis au fond de l'océan, et tues tous ceux qui passent à ta portée… mais tu es très seul, parce que tous les autres poissons ont peur de toi)". Cette citation de VDGG résume à elle seule les ambiances que l'on va retrouver avec Areknamés.

Pourquoi ce frisson vous parcourt-il le dos, tout soudain? Pas d'inquiétude, c'est normal… ça me l'a fait à moi aussi, et j'ai survécu.

On trouve six compositions seulement sur cet album, pour 54 minutes bien tassées. Leur structure est complexe, labyrinthique, presque et associée à des sonorités vraiment très 70s. Elles sont globalement dominées par l'orgue et les claviers, même si la section rythmique n'est pas en reste, avec des intros grandiloquentes et symphoniques et de nombreux breaks. Tout cela conduit à un prog somme toute assez classique. S'y ajoute cette tension presque palpable confinant à la folie latente et aux incantations vouées à on ne sait quel rite occulte, que l'on doit à la voix de Michele Epifani, agréable et relativement proche de celle de Hammill. On note aussi des influences psychédéliques par endroit (d'ailleurs, à un moment un plan ressemble à s'y méprendre à du Pink Floyd).

Bref, cet album est une sorte de condensé de références aux 70s. Mais n'allez pas croire qu'on n'y trouve rien d'original : en fait, l'influence de l'école italienne des 70s (Balletto di Bronzo, Goblin…) est également présente, de même que celle de formations plus actuelles comme La Maschera di Cera par exemple, ce qui conduit Areknames à développer ses compositions dans un style assez innovant et souvent inattendu.

C'est sans doute cette alchimie qui fait l'originalité d'Areknames. Dans un paysage prog aussi prolixe que peu novateur, dans lequel les "poids lourds" nous la jouent sempiternellement "variation sur un thème", il faut saluer l'arrivée d'œuvres de ce type, structurées, équilibrées et novatrices, préférant les ambiances aux démonstrations virtuosiques alors même que nos italiens sont tous trois d'excellents musiciens. Une perle transalpine inattendue et bienvenue.

Benoît Herr

Myspace du groupe






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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