Panzerballett : Starke Stücke (2008 - cd - parue dans le Koid9 n°65)

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Intégristes du jazz et métalleux bas du front il est temps d'enterrer la hâche de guerre, de s'asseoir autour d'une table, d'ouvrir les yeux (et accessoirement les oreilles) et de discuter tout en écoutant "Starke stücke" ("De forts morceaux" si mes souvenirs germaniques sont exacts). Jan Zehrfeld, guitariste et tête pensante du groupe, bien qu'il ait étudié la guitare jazz à Helsinki et à Munich, est fan de heavy metal depuis sa plus tendre enfance. Alors pourquoi pas vous ? N'avait d'ailleurs t-il pas déjà rendu hommage à Messhugah sur le premier album du groupe, chroniqué par Patrick Robinet dans le n°60 !

Sur ce deuxième album (entre temps un DVD live est également paru) il pousse le bouchon encore plus loin dans la confusion des genres, renforcé par l'adjonction d'un second guitariste, Andreas Dombert, et sur la vitesse d'exécution, tant et si bien qu'à certains moments on ne sait plus trop si c'est du jazz ultrasonique ou du thrash speed metal à guitares surboostées. C'est finalement l'assise rythmique de Florian Schmidt (grosse basse qui slape et funkise !) et Sebastian Lanser (nouveau batteur) ainsi que le saxophone débridé de Gregor Bürger qui nous rappellent que l'on est avant tout dans le jazz.

La confusion est d'autant plus grande que le brave Jan n'hésite pas à passer les classiques du hard à la moulinette. Toutefois ils sont relativement méconnaissables et leur thème principal souvent prétexte et point de départ à des disgressions endiablées. Ainsi, l'intro de "smoke on the water" s'écarte très très vite du fameux riff, débouchant même en un pont typique de Satriani pour reprendre dans une course jazzcore effrénée !

Et c'est un peu le souci de ce CD, bizarrement agencé. De la relecture de "la panthère rose" en intro jusqu'au délirant 4ème titre (un original cette fois) "friede, freude, fussball" ("de la paix, de la joie, du football" ?!? c'est pas un peu imcompatible tout ça depuis quelques temps ?), ça joue vite, très vite et ça tape fort, très fort, encore et encore, si bien que l'on commence à prévoir l'aspirine pour les 25 minutes qui restent.

Or dès "wind of change" (oui, celui de Scorpions) le CD respire enfin. Cette fois c'est du "vrai" jazz, très calme, limite "cul-cul la praline", pardonnez-moi l'expression ! Et même si la furieuse cavalcade repart de plus belle dans "birdland" (Weather Report) et "thunderstruck" (AC/DC), le long et magnifique original "dreamology", aux ambiances très variées, vient remettre de l'air dans tout ça !

Le plus hallucinant reste pourtant à venir car "zickenterror", composition originale déjà sur le premier album, est totalement méconnaissable avec l'adjonction d'un chant lyrique féminin totalement halluciné, quelque part entre Magma et Nina Hagen et musicalement autant funk qu'hyper metal ! Dur, dur... mais néanmoins génial et pour le moins atypique. Mais la cerise sur le gâteau vient de "paranoid" qui termine l'album dans une douceur extême. Cette guitare au son cristallin est tellement planante et calme que je n'ai toujours pas saisi le rapport avec le hit du Black Sabbath !

En résumé un disque éprouvant mais finalement très ouvert... à qui trouvera la clé au-delà de la mauvaise impression que pourrait laisser une première et unique écoute distraite. Une question reste en suspens : gros metal et jazz hyper technique tombent dans le même panier... qu'est-ce qui reste ?

Du rock progressif ?

Laure Dofzering






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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