Pallas : The Blinding Darkness (2003 - 2 cd / 1 dvd - parue dans le Koid9 n°47)

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Décidément, la rentrée est riche en DVD live avec double CD audio à la clé. Evidemment, il faut avoir un lecteur DVD pour apprécier ça mais vu la qualité de ce qui sort au niveau musical depuis quelque temps, cela vaut le coup, à mon humble avis. C'est d'ailleurs pour cette unique raison que j'ai craqué moi-même en 2002, si vous voulez le savoir (Vous vous en fichiez ? Eh, bien tant pis !).

D'ailleurs, d'après mes "sources autorisées", ce live du groupe devrait sortir en trois versions : le double CD seul, le DVD seul et enfin l'édition limitée incluant les CD et le DVD, le tout en digipack 4 volets, avec un beau livret photo 16 pages. C'est cette édition dont vous lisez la chronique.

Par contre, vu la démarche couramment pratiquée par Inside Out cette année, qui consiste à ne sortir qu'un seul package DVD+2CD, je ne peux dire si les éditions séparées seront disponibles également en magasin ou seulement par le biais du groupe lui-même…On ne peut pas dire que l'info soit facile à obtenir.

Pallas avait sorti en 2001 ce qui me semblait être son chef-d'œuvre avec le très progressif et très grandiose "The cross and the crucible". Le vétéran anglais de la génération des Marillion, IQ, Pendragon et Twelfth Night revenait aussi avec cet album à son style le plus épique, (des méchantes langues diraient pompeux !) alors qu'il avait flirté de temps en temps avec un progressif plus simple, plus direct (en particulier sur "The wedge" et sur le plus récent "Beat the drum"). Il n'en reste quasiment rien sur cette performance assez longue et même assez spéciale, enregistrée en janvier 2002 au désormais célèbre "De Boerderij" à Zoetermeer, en Hollande.

"The blinding darkness" reprend en effet, pendant ces deux heures et quart de concert, l'intégralité de l'album " The cross & the crucible" à l'exception de son introduction, "beat the drum" de l'album du même nom et aussi "blood and roses", le seul morceau vraiment intimiste du set mais aussi l'un des moments les plus émouvants. On remarquera aussi le morceau inédit grandiose de plus de 10 minutes, "crown of thorns". Bien sûr, le reste de leur répertoire n'est pas oublié : "The wedge" est représenté avec un superbe medley "executioner/ratracing" de 11 minutes. Et puis en premier rappel, il y a la splendide "atlantis suite" que le groupe avait omis de jouer lors de son dernier passage à Paris en 2002. Enfin, ô surprise, nous avons droit, en deuxième rappel, à deux morceaux avec un invité très spécial en la personne d'Euan Lowson, leur premier chanteur ! Lowson interprète le complexe et rapide "cut and run" au final instrumental héroïque (extrait de "The sentinel") et puis le très dramatique et macabre "The ripper", un titre vraiment très complexe et dramatique qu'on retrouve sur "Arrive alive", cette compilation de vieux titres rares et live, parue il y a environ deux ou trois ans. Lowson y délivre une performance théâtrale assez... inquiétante.

Du point de vue de la performance c'est un sans faute. Il est encore une fois vraiment admirable de voir le talent et la qualité technique d'un groupe qui n'est pas professionnel. Le chanteur Alan Reed, petite silhouette fluette, compense son manque de volume par une voix certes un peu enrouée mais puissante, sensible et une présence scénique impressionnante. Niall Matthewson ne bouge pas tellement mais nous délivre des parties de guitare toujours magnifiques et passionnées, Graeme Murray quant à lui, est à la fois volumineux, dynamique et impressionnant, tant sur le plan de la basse que du chant car sa voix, que l'on peut entendre sur quelques passages du dernier album mais surtout sur "atlantis suite" et "cut and run", est vraiment magnifique, claire et vibrante. Et le bonhomme y met toutes ses tripes, c'est évident… comme les autres d'ailleurs. Ronnie Brown arbore de façon surprenante un crâne fraîchement rasé mais n'a rien perdu de ses capacités. Non seulement c'est un excellent claviériste techniquement parlant mais en plus, j'ai rarement entendu des sons aussi réalistes et profonds sortir de synthétiseurs. Son long solo d'orgue d'église virtuel reproduit sur 3 claviers différents pendant "towers of babble", (le tout avec le sourire !), est absolument admirable ! Ses échantillons de voix humaines et de chœurs religieux, ses orchestrations majestueuses sont exceptionnelles. Le mixage le met particulièrement en valeur (de même que la basse) et on peut apprécier pleinement son génie. Chapeau bas ! Quant au batteur Colin Fraser sa frappe très ronde et son jeu très riche sont la cerise sur le gâteau d'un concert magique qui compte aussi quelques moments d'humour (quand Reed éclate l'une de ses vieilles bottes et doit chercher du scotch en courant pour réparer le malheur devant le public !).

Côté son, les CD bénéficient d'un mixage clair mais rendant bien l'atmosphère live.

Le DVD propose deux mixages (Dolby 5.1 et stéréo), mais le mixage stéréo ne rend pas très bien sur la télé (la voix d'Alan Reed n'est pas assez en avant), alors que sur une chaîne stéréo, c'est à peu près comme sur le double CD, autrement dit très bien ; question d'équipement probablement.

L'image est très claire, les prises de vue sont bonnes et le montage dynamique. Seul petit regret : c'est un peu monotone quelquefois (on voit Niall Matthewson toujours sous le même angle, par exemple). La salle avait été décorée avec le design futuriste de "The cross & the crucible", plus le fameux centaure et le light show, qui bénéficie de multiples lasers, Varilite, etc. est vraiment très beau. La taille de la scène et sa hauteur permettent des effets assez magnifiques. en bref, le DVD apporte vraiment quelque chose que le simple support audio ne peut absolument pas rendre !

Et enfin, comme bonus, le groupe nous a ajouté deux belles galeries photos, un petit reportage sur la préparation spéciale du concert et un autre sur le retour occasionnel d'Euan Lowson et le passé du groupe.

Le design de l'objet est magnifique, faisant de cette édition limitée un must absolu pour tous les amateurs du groupe mais aussi un excellent moyen de les découvrir pour les autres. Après plus de 12 ans de silence discographique, Pallas est décidément au sommet de sa forme. Vivement le prochain album qui est en préparation !

Marc Moingeon






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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