Musical Witchcraft : Utopia (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°49)

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Votre humble serviteur va se faire l'avocat du maître (es flûtes) Kollar Attila. Cela ne sera pas trop difficile, vu que j'appréciais déjà ses performances au sein du groupe Solaris, que j'ai trouvé excellent le premier album de sa formation Musical Witchcraft et que ce nouvel opus est encore meilleur.

Dans une note traduite en anglais, Kollar Attila précise qu'il s'agit ici d'un travail d'équipe, plus qu'un vrai album solo. Il nous invite à entreprendre un voyage musical dans le monde imaginaire "Utopia" de Thomas More (1478-1535). Pour la note culturelle, sachez que Thomas More était un humaniste anglais, savant, avocat, ami d'Erasme, qu'il a été page du cardinal Morton et archevêque de Canterbury (à propos de Canterbury, encore bravo à Caravan pour le superbe show dispensé à Six-Fours-les-Plages). Le récit de Thomas More se situe au IIIème siècle avant Jésus Christ, dans une île nommée Utopia et décrit une cité idéale où l'oisiveté n'existe pas…

Pour ce nouveau projet, Kollar Attila (flûtes, mais aussi claviers et tambourine) fait à nouveau appel à ses 2 comparses de Solaris, à savoir Gömör Laslzo (batterie) et Pocs Tamas (basse), ainsi qu'aux guitaristes Naszadi Gabor et Vamos Zsolt ; outre ces 5 musiciens déjà présents sur l'album précédent, la formation est renforcée de Bokor György (basson), Kornis Ferenc (percussions), Sarik Peter (piano, orgue, synthétiseur), Szirtes Edina (violon) et Vermes Laszlo (batterie). Le line up varie d'un titre à l'autre, seul Kollar Attila joue sur tous les morceaux.

La flûte est omniprésente ; Kollar Attila alterne des passages très symphoniques (sans jamais être soporifiques), qui rappellent Solaris (voire même Camel) et d'autres plus rapides, plus rocks, dans la lignée de Jethro Tull. La rythmique est excellente, avec une alternance de guitare acoustique et électrique. Les claviers sont très variés (orgue, synthétiseur, piano, programmations). Le violon renforce la symphonie de l'ensemble. Quant au basson, il n'apparaît que sur le premier morceau, mais de très belle manière.

Le principal morceau, "suite Utopia" dure 19'53 et se décompose en 4 parties révélant toutes les qualités musicales de cette formation. Cette suite est amenée par un solo de guitare acoustique, puis viennent diverses percussions, suivies de la flûte. La deuxième partie, au contraire, est électrique et fait la part belle aux guitares, qui se superposent (accompagnement et soli) et entraînent des changements de rythme. La troisième partie est à nouveau acoustique, mais cette fois le duo guitare-flûte est renforcé par l'arrivée du violon. La quatrième partie, quant à elle, est amenée par du basson, auquel répond du piccolo, puis c'est un superbe mélange électro-acoustique avec du violon, différentes flûtes et une rythmique presque métal, minutieusement dosée pour rester symphonique.

Cette suite est à l'image de l'ensemble de l'album : succession de passages acoustiques et électriques, alternance des instruments utilisés, fréquents changements de rythmes. A noter aussi que la violoniste, Szirtes Edina, prête sa voix sur 2 morceaux (accompagnement vocal), que "the tower's room lost in the fog…" est légèrement jazzy (piano, guitare) et que "Utopia from the city" inclut un bon passage de claviers (trop court à mon goût !).

A l'écoute, on se rend compte qu'il s'agit effectivement d'une œuvre collective : chaque musicien semble avoir apporté sa touche personnelle, Kollar Attila se chargeant ensuite d'en faire un tout homogène et le résultat est somptueux.

Jean Brianza






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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