Moon Safari : Blomljud (2008 - 2 cd - parue dans le Koid9 n°67)
Le nouveau disque de Moon Safari est double. Rien de véritablement étonnant dans la sphère prog tant l’exercice de style a su inspirer les divers satellites du genre. Et pour son deuxième opus, les Suédois y sont allés de leur(s) couplet(s). Dans l’ombre des voisins nordiques, "A doorway to summer" avait charmé sans mal avec son style loin de toutes décharges grossières à vous défoncer les oreilles. Moon Safari gagnait même aux points, par ses atmosphères, ses ballades légères, sans turbulences. "[Blomljud]" accroche ces nuances poétiques dès l’ouverture a cappella où il s’amuse à harmoniser quatre voix à la façon des Beach Boys. Cet intérêt pour la nuance n’est pas le seul point commun avec nos garçons de plage puisque le sentiment dominant tout au long de ces 104 minutes est un optimisme jamais infléchi jouant sur des thèmes aussi désespérants que l’arrivée de l’été, les fleurs du printemps, Woodstock, l’espace, les forêts... Bref, un condensé très pâquerettes dans les cheveux et 2 CV dans la luzerne ! Rien de mielleux pour autant. Le travail ludique sur une musique simple mais jamais précieuse, éclaire des motifs rythmiques qui évitent le monotone en partie par les chants contrastés de Simon Åkesson et Petter Sandström. Dès lors la belle production reste homogène : l’utilisation du mellotron à bon escient ("methuselah's children"), de l’orgue Hammond ("moonwalk") ou de l’accordéon ("in the countryside") et les références aux grands cousins (The Flower Kings et toute la tribu des formations nordiques) et même au Alan Parsons Project ("the ghost of flower past") font la différence. On notera également le violon de Måns Axelsson-Ljung sur le folklorique "lady of the woodland" et la ballade acoustique "a tale of three and tree" avant d’évoquer l’inévitable suite qui franchit la demi-heure, "other half of the sky". Un peu long me direz-vous mais l’exercice est exploité avec assez d’espièglerie et d’élégance pour emporter la mise juste avant que "to sail beyond the sunset" ne toaste efficacement le final de ce "[Blomljud]" absolument charmant, sincère et mature. Certifié bio. Cyrille Delanlssays |