(693 mots dans ce texte ) - lu : 764 Fois
Voici déjà le troisième opus de ces norvégiens, après "Underground and beyond" en 97 et l'excellent "In anadi's bower" en 2000. Pas d'affolement quant au label : Transubstans Records n'est semble-t-il que le nouveau nom de Record Heaven, sur lequel les précédents Lucifer Was étaient sortis. "Blues from hellah" est aussi le premier à apparaître sur ce label.
Lucifer Was est "norway's best kept secret" (le secret le mieux gardé de Norvège). C'est en tout cas ce que dit la page d'accueil du site du groupe, qui poursuit ainsi : "le groupe n'est pas très connu mais devrait l'être compte tenu de son style musical très spécial et de ses paroles plutôt mystiques".
Quelle prétention me direz-vous ! Et pourtant, je suis plutôt d'accord avec le type qui a écrit ça (qui est le Webmaster et non un membre du groupe… quand même !).
Ce troisième album inaugure une évolution stylistique importante : la musique de Lucifer Was devient moins simpliste, plus bluesy et surtout plus symphonique avec un renfort d'orchestrations… mais reste toujours aussi efficace. Les flûtes aussi, son très présentes. En un mot, elle est plus riche. Les membres du groupe ont d'ailleurs fait appel à de nombreux musiciens de studio dont un quatuor à cordes et un quatuor de cuivres. Pour le reste on retrouve la lourdeur façon "heavy prog" des précédents albums (heavy au sens littéral (lourd) et pas forcément toujours "hard"), sorte de croisement contre nature entre Black Sabbath et Jethro Tull (pas si contre nature que ça, après tout puisque Tony Iommi, le guitariste de Black Sabbath, a brièvement fait partie de Jethro Tull, en 1968), avec cette ligne de basse d'Einar Bruu si prenante. Celui-ci se fait d'ailleurs assister d'Igor Kil à la basse. Les cordes apportent une dimension symphonique plaçant cet album à part dans le genre et renforçant la sophistication des compos. Les riffs de guitare sont puissants et efficaces, les soli bien amenés. Les cuivres ajoutent quant à eux au clinquant de l'affaire.
Les notes de pochette nous apprennent que si l'album est bien sorti en 2004, il a en fait été enregistré entre 1983 et 1999… et quelques parties de 2000 à 2002. Tiens, bizarre. En creusant un peu on s'aperçoit que Kai Frilseth, Tor Langbråten, Knut Engan, Thore Engen, Einar Bruu et Arild Larsen ont formé dès 1972 un groupe appelé Ezra West, que l'on peut considérer comme la première version de Lucifer Was, un nom sous lequel ils ont joué jusqu'en 1977 sans jamais enregistrer d'album. En 1995, Einar Bruu a retrouvé un enregistrement live datant de 1974 qui leur a donné l'envie de se reformer : tous les membres du Lucifer Was d'origine se sont alors retrouvés et le réenregistrement des morceaux a pu se faire. Et ça a donné "Underground and beyond" en 1997; depuis lors, ils sévissent à nouveau.
En fait, on doit bon nombre des 9 compositions originales de "Blues from hellah" à Thore Engen, qui les avait commises avec Plann, son groupe précédent. Nous n'avons donc pas affaire à des jeunots. Ceci explique sans doute au moins en partie le degré d'aboutissement de cette œuvre. Neuf compositions ? Ben oui… 9 compos originales, en tout cas. Mais il y en a 10 en tout sur l'album, pour un peu plus de 41 minutes au total : le titre "armworth" n'est en fait par de Lucifer Was. Il s'agit d'une reprise d'un titre écrit par Bobby Caldwell et Rod Evans pour Captain Beyond, une formation dont le Cousin Hub se faisait l'écho pas plus tard que dans le précédent numéro.
On le voit, ce "Blues from hellah" est donc aussi riche en influences qu'il peut l'être musicalement. Dense, puissant, riche, diversifié, avec des mélodies efficaces, simple tout en étant recherché, d'une production irréprochable… voici quelques uns des qualificatifs s'y appliquant le mieux. Il ne pourra que ravir les amateurs du genre.
Benoît Herr
Disponible sur Transubstans Records
Temps : 0.0671 seconde(s)