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Pour beaucoup le rock progressif polonais se résume au trio de tête Collage, Quidam et Abraxas. C’est vrai qu’Emila Derkowska avait du chien, que "Basnie" (mon Collage préféré) est plus recommandable et que feu Abraxas avait de la personnalité à revendre. Pourtant, mon favori c’est Lizard. Son album "W galerii czasu" de 1997 était passé relativement inaperçu à l’époque (il vient également d’être réédité : profitez-en !), mais il avait suffit d’une programmation sur une radio bordelaise (l’émission UGUM d’un certain George) pour que je sois conquis par la musique de nos reptiles polonais. La réédition du live, introuvable en France jusqu’alors, nous permet de retrouver le génial Lizard. Avec son patronyme, inutile de préciser quelle formation mythique l’a influencé (allez je vous aide, son 3ème album s’appelle "Lizard") : pas moins de trois reprises lui rendent d’ailleurs hommage. Une version explosive de "21st century schizoid man", la ballade "moonchild" dégraissée de sa série d’expérimentations sonores et un extrait de "in the court of…". On est époustouflé par la maîtrise des musiciens qui produisent une musique complexe et harmonieuse sans pour autant se mettre en valeur individuellement. On ne peut rester insensible au charisme de Damian Bydlinski qui dispose d’une belle voix grave, à la fois suave et volontaire. Lizard ne cache pas son goût pour le jazz-rock et c’est tout naturellement qu’il reprend fidèlement "in the dead of night" de UK (une autre influence majeure). Ne croyez pas pour autant que la faculté de Lizard d’interpréter de grands classiques masque un manque d’imagination. Les 4 compositions originales (dont 3 extraites de "W galerii czasu") prouvent tout le contraire. Les synthés virevoltent, la rythmique décoiffe, la voix polonaise de Damian, rugueuse façon Fish, enchante… Puis, il y a cette suite fabuleuse "w krainie szargdowego jaszczura" (non non, je ne me suis pas endormi sur mon clavier !) digne du plus grand Genesis et du Crimson le plus symphonique (celui de "Beat" ? Ignare !). Pour sûr Lizard sait composer ! L’album s’achève en apothéose par l’inédit très eddiejobsonien "bez litosi i" (cela n’a rien d’érotique pourtant…) qui nous fait regretter de ne plus avoir de nouvelles de cette formation précieuse.
Hubert Allusson
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