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Après une démo 3 titres parue en 2000, le combo francilien sort un premier album avec un patronyme propice au voyage. Au delà de la fausse piste induite par leurs pseudos à consonance moyenâgeuse, leur musique n’ayant pas a priori d’inspiration médiévale, nos troubadours cherchent à nous entraîner dans leur propre univers musical au cours de 7 titres entrecoupés de courts interludes climatiques à la quiétude toute bucolique. Lac Placide possède la particularité de compter 2 chanteurs dans ses rangs, associés à la formation instrumentale classique chez de nombreux groupes de prog : une voix masculine, s’exprimant la plupart du temps en français, en contrepoint d’une voix féminine, mise en avant dans le mix et chantant en anglais. Une formule originale, bien que l’alternance des genres vocaux soit déjà largement employée dans le monde du métal gothique et autre dark atmosphérique mais qui, dans un contexte plus typiquement progressif, reste à explorer. Toutefois ce qui pourrait être une source de réjouissance auditive, s’avère dans ce cas un défaut majeur. Ces 2 voix sont dans l’ensemble peu convaincantes. Le chanteur dénote un manque de justesse et de conviction. La chanteuse, quant à elle, adopte trop souvent un maniérisme chevrotant de diva, qui plus est dans un registre grave décalé.
La production, entièrement réalisée par le groupe avec ses propres moyens est relativement honnête, notamment pour ce genre de réalisation. Toutefois aucun miracle ne se produit, la section rythmique souffrant d’un cruel manque de relief et de puissance alors que la guitare prend souvent des sonorités trop artificielles. Empruntant autant au rock gothique anglais des années 80 qu’à la culture métal ou au jazz (un peu moins toutefois pour ce dernier), le progressif de Lac Placide brasse les genres avec plus ou moins de bonheur. Bien que globalement immatures du fait d’un propos souvent mal canalisé et d’un bagage technique peut-être mal exploité par les 4 musiciens, quelques idées intéressantes d’arrangements se dégagent des compositions. Parallèlement elles manquent de mélodies fortes et inspirées à l’exception de quelques refrains somme toute assez convenus. Cette remarque valant également pour le guitariste, la vacuité mélodique de ses soli au profit d’une déboule technique souvent maladroite handicapant sérieusement l’impact des séquences instrumentales. A ce propos, celles-ci mériteraient probablement une plus large place, pour contrebalancer un chant quelque peu envahissant et permettre aux morceaux de gagner en intérêt.
Restons optimistes, cette formation bien d’chez nous possède une grande marge de progression, certes. Mais soyons confiant car le potentiel qu’elle semble receler peut lui permettre de la combler, si elle s’en donne les moyens en corrigeant quelques défauts inhérents au chant et fournit un travail conséquent sur les compositions.
Eric Verdin
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