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Kaipa est une formation suédoise qui a vu le jour il y a maintenant 35 ans et qui nous propose avec "In the wake of evolution" son dixième album. "Seulement ?!" me direz-vous. Il faut savoir que le groupe a vécu un break de 20 années (!), lequel a débuté en 1982. Autre élément important, Roine Stolt (oui, celui de Flower Kings et de Transatlantic) a fait ses premières armes au sein de ce groupe. Alors pourquoi, malgré une si longue histoire, Kaipa est-il passé à côté des amateurs de prog' pendant que tant d?autres décrochaient le pompon dans les années 70 ? On ne saura jamais vraiment. Pour autant, le combo est aujourd?hui en total ordre de marche, et sous la houlette de Hans Lundin son leader et claviériste, il nous offre un album d?envergure, extrêmement foisonnant, riche de sons et d?idées? Le chant y est partagé entre Aleena Gibson devenue indispensable depuis l?album précédent ("Angling feeling") et Patrick Lündstrom dont le registre hésite entre l?emphase de Freddie Mercury et la préciosité de Jon Anderson.
L?attaque de la galette par le titre éponyme nous permet de rentrer immédiatement dans le dur : 11 minutes d?orchestrations riches, de voix très harmonisées à la Yes, une foison d?instruments, de sonorités, de lignes mélodiques entremêlées et de rythmiques luxuriantes. On prend beaucoup de plaisir dès le départ malgré un son global peut-être un petit peu trop daté 70?s. Cette richesse instrumentale se poursuit dans "in the heart of her own magic field" qui commence comme une ballade et évolue d?une manière très baroque avec des flûtes et des orchestrations de plus en plus travaillées jusqu?à un joli solo de guitare central très jazz-rock. Le second epic de la rondelle ("electric power water notes") confirme l?ultra-importance de la guitare dans la construction harmonique des morceaux. On entend là un gros travail avec nombre de notes dont on sent que toutes ont leur importance et qu?elles ont été jouées en connaissance de cause par Per Nilsson (le dernier arrivé), lequel se situe quelque part entre la très essentielle discrétion de Steve Hackett et le lyrisme flamboyant de Andrew Latimer. Près de 18 minutes qui passent comme une fleur et apportent beaucoup de bonheur, même si je suis un tout petit peu moins fan de la seconde moitié du mastodonte.
Kaipa est toujours très marqué en colorations harmoniques, mais possède une identité suffisante pour se désolidariser de ses racines yessiennes tout en ne les reniant pas. Les évolutivités sont tellement nombreuses que l?on a toujours l?impression qu?on s?est laissé raconter énormément de choses dès qu?un morceau est terminé. Et pour autant, tout ça ne fait ni foutoir ni compliqué, ce qui est un joli tour de force. Kaipa est de ces groupes qui donnent beaucoup à entendre et dont les albums se découvrent au fil des écoutes. Les Suédois donnent sans compter tout en ne gavant jamais. C?est foisonnant, mais pas jusqu?à l?indigestion. Les couches sonores et les évolutions savent se faire appréhender sans effort de compréhension, et ce jusqu?à la dernière plage, une belle et ample ballade de 10 minutes ("the seven oceans of your mind").
"In the wake of evolution", c?est 70 minutes de bonheur et aucun ennui.
Bravo !
Dominique Jorge
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