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La série des rééditions ne semble pas encore tarie, et c'est tant mieux vu le niveau de certaines actuellement.
Musea nous sort (enfin !) le second album réalisé en 1979 par les Belges d'Isopoda, après "Acrostichon" (1978, réédité depuis des lustres).
Fidèle à son habitude, le label lorrain a agrémenté la chose d'un livret biographique fort complet et de deux morceaux bonus apparus à l'époque en single (on imagine aisément le succès qu'il dût avoir à sa sortie 1979 !).
C'est donc les mêmes musiciens méconnus que l'on retrouve sur cet album, Luc Vanhove aux claviers, (Geert Amant sur le single), Walter De Berlangeer à la guitare électrique, Arnold De Schepper à la basse, guitares acoustiques et électriques, chant et choeurs, Dirk De Schepper au chant et Marc van der Scherren à la batterie.
L'ensemble des morceaux fût enregistré entre décembre 1979 et novembre 1981, soit quasiment deux ans d'enregistrement, les groupes progressifs n'étant pas à cette époque, les bienvenus dans les studios d'enregistrement, on s'en serait douté. D'ailleurs, il est impensable d'avoir osé sortir un tel album en 1981, grande heure de la new-wave et autre courants jetables par définition, quel courage ces musiciens !
Inutile donc de vous dire que le groupe s'est planté méchant et s'est dissous après ce disque (éternel destinée des groupes talentueux de l'époque bénie des eighties !)...
Pourtant à l'écoute de ce disque formidable, on se demande bien ce qui manquait au groupe pour percer. Venu cinq ans trop tard (ou dix ans trop tôt, c'est selon), voilà le problème !
Constitué de onze morceaux courts (entre 1'52 et 5'53), le disque se parcourt comme un classique indémodable. Chaque morceau est un véritable concentré de progressif enjoué, à la manière d'un Machiavel (période "Jester"), d'un Genesis (période "And then there were three") ou d'un Kayak (pour cette propension aux morceaux courts mais denses musicalement parlant).
Ecoutez voir "sunset alley", 3'17 de bonheur clavieristique, du Tony Banks romantique pur jus !
Quant on pense que Supertramp cartonnait à la même époque avec "Breakfast in America", on se dit que c'est vraiment injuste tant les mélodies concoctées par Isopoda pouvait aisément passer en radio (écoutez donc "girls will be girls") sans être toutefois des "grosses daubes indigestes" (mention déposée à la SACEM par bibi). Le chant aisément reconnaissable de Dirk (quoi qu'un peu nazillard à mon goût), les claviers volubiles, les soli de guitares grandioses, la section rythmique puissante et inventive, tout ces éléments font qu'il est incompréhensible que le groupe n'ait pas réussi à percer, que voulez-vous, l'ostracisme des médias aidant... (les Super Clochards ayant compris depuis fort longtemps qu'il ne fallait plus utiliser le vocable "progressif" pour décrire leur musique, qui n'en était d'ailleurs déjà plus cependant à cette période).
Si vous aimez les groupes précités, nul doute que vous adorerez cet album, grand moment de progressif intemporel selon moi et qui mérite amplement d'être (re) découvert à sa juste valeur...
Renaud "taking time" Oualid
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