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Ines : The Flow (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°31)

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Que cela soit clair ! Si vous êtes un adepte de longs développements, de grandes envolées et de morceaux à rallonge, cet album n’est pas pour vous. Vous pouvez passer votre chemin mais, attention, vous risqueriez de le regretter. A tous les autres, je souhaite la bienvenue. Bienvenue dans un monde de délicatesse, riche en couleurs et gorgé d’émotion, un monde dans lequel les mots plaisir et simplicité prennent toute leur signification. Plaisir tout d’abord, parce qu’Ines Fuchs (compositrice et claviériste du groupe) s’est laissée aller à la spontanéité pour cet album, guider par ses émotions les plus profondes, par ce fluide ("The flow") qui générait en elle, le pur plaisir de composer une œuvre authentique. Loin de toute contrainte commerciale, avec pour unique souhait de nous faire partager une musique qu’elle aura mis 3 ans à peaufiner. La simplicité enfin (et là, je ne parle pas de facilité), parce qu’avec 13 titres, Ines et son approche très personnelle du rock progressif, s’est orienté vers une musique plus accessible, plus concise, une musique ou règne la sincérité, sans pour autant négliger la sophistication des arrangements.

Le thème principal de "The flow est l’eau, un choix symbolique dans lequel Ines a "puisé" son inspiration. L’eau, source de vie mais également objet (élément) de fascination et de pureté. Présente du début à la fin de l’album et sous toutes ses "formes" : Rivière, mer, etc… "the river seems to be a poet touching me" une phrase qui résume à elle seule l’ambiance générale de ce nouvel album.

Sur ses deux précédentes productions, fortement ancrées dans un néo progressif d’excellente facture ("Hunting the fox" (1994) et "Eastern dawning" (1996), à (re)découvrir absolument), Ines, le groupe, comptabilisa jusqu'à quatre chanteurs dans ses rangs. Et pas des moindres, puisque avec la présence d’Harald Bareth de Anyone’s Daughter (célèbre combo allemand) et Chicco Grosso, plus connu sous le nom de Francesco Grosso, ex-chanteur d’Asgard et d’Auklarung, le groupe avait su s’accaparer deux des meilleurs vocalistes de la scène progressive. Alors qu’en est-il aujourd’hui ? Eh bien, la bonne surprise, c’est que non seulement Francesco Grosso est toujours présent, mais qu’en plus, il devient le principal chanteur du groupe ! ! ! Et alors là, c’est l’extase. Du bonheur à l’état pur ! Jamais son chant n’a été aussi poignant, sensible et émouvant. Ça vous prend littéralement aux tripes ! Il intervient sur 7 des 13 titres de l’album (qui comprend 3 instrumentaux). Egalement titulaires au poste de chanteur, Hansi Fuchs (le mari de Ines), guitariste et auteur de tous les textes, pour 2 titres et Gazmend Gashi pour 1 titre. Autre constatation, Ines, a changé sa section rythmique. Avec l’arrivée en son sein de Davide Piai (qui avait déjà œuvré aux manettes pour les 2 précédents albums), bassiste et de Marco Michiletto, batteur, la formation germanique (j’oubliais de le préciser) s’est offerte deux musiciens de haute volée. Et je pèse mes mots !

Mais venons en aux faits (ouf !). La musique. Tout d’abord, après une première écoute, le maître mot qui définit ce nouvel album est métissage. Nombres de titres sont rehaussés par l’apport d’instruments folkloriques. Violon, accordéon, clarinette, flûtes, bagpipes, hurdy-gurdy (?). Ce qui donne une coloration, à priori, éclectique à l’ensemble et pourtant tellement homogène à l’écoute.

"Feel the river’s dance" qui ouvre l’album augure cette nouvelle orientation musicale du groupe avec l’incursion de percussions et de chœur africain. L’ombre stylistique développée par Peter Gabriel n’est pas loin. Cela sera d’ailleurs très évident à l’écoute des autres titres. C’est la référence ! Toutefois on est loin d’une production Real World. Ce titre est sublimé par le chant de Grosso. "The river and me" et son solo de violon, ainsi que "in a space made of blue" sont de la même trempe. Petite parenthèse pour vous donner un petit ordre d’idée, si vous avez aimé le "beautiful" de Marillion et sa mélodie indélébile, heureux que vous allez être à l’écoute des mélodies égrainées dans cet album. "Flow I" est le premier instrumental de l’album. Un morceau typé folklore celtique. "I’m part of the river" nous permet de découvrir Hansi Fuchs au chant. Certes, ce n’est pas Grosso, mais il s’en tire plutôt bien. "After all these moves" petite merveille de l’album avec, outre des claviers très en avant, un final interprété au stick par Davide Piai. Grandiose. Le touché tout en finesse de ce bassiste est magnifique, très riche. La preuve en est avec le titre "on the shore" et sa partie de basse fretless.

"Flow III" nous offre également un grand moment. Voici un instrumental sur lequel tout le monde y va de son solo : Solo de guitare lyrique, solo de basse, solo de batterie entremêlé aux percussions, solo de claviers, le tout agrémenté d’une mélodie imparable. Un vrai régal.

L’album se conclut avec "wishing well", le titre le plus long (6:24), le chant de Grosso y est délicat, et une fois de plus Ines se lance dans un final ou les claviers prédominent. Une fin magnifique pour un album qui ne l’est pas moins.

Vous l’aurez compris, j’ai été littéralement conquis, subjugué, "happé" par "The flow", un album qui ne fera pas l’unanimité, parce qu’en marge des productions actuelles, pas assez "progressif" diront certains. Mais qu’importe, n’est-ce point une forme de progression que de ne pas se répéter mais d’innover. Cet album n’a, en effet, rien à voir avec le reste de l’œuvre d’Ines. Voici un bel exemple de rock évolutif (expression si chère à un de nos confrères). Et si seulement on pouvait se passer de toutes ces maudites étiquettes et ne parler que de progressif tout simplement, les choses seraient bien plus simples, vous ne croyez pas ?

Ines nous gratifie de son œuvre la plus accomplie, la plus aboutie et ce, grâce à un album qui force le respect, un album que je qualifierais de parfait. La grande classe. Chapeaux bas Messieurs, Ines est de retour. MAGNIFIQUE.

Denis Perrot




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