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Vraiment, je ne comprends pas le sort injuste auquel un tel groupe ne semble pouvoir échapper. En d'autres temps, on aurait parlé de groupe culte. C'est que dans les sympathisants du prog à travers notre ex-belle planète (100 millions selon les organisateurs, 5.000 selon la police), High Wheel est fort estimé et reconnu comme un groupe de grande classe. Malheureusement, personne n'achète leurs disques, ni ne se presse à leurs pourtant très rares concerts. Ainsi, ils n'étaient même pas 30 dernièrement au Spirit of 66 à Verviers. Toutefois, je ne jette la pierre à personne, faisant moi-même partie du lot des fautifs, "There" (1996) étant le seul album (leur 3è) que je possède. Où se situe donc le problème ?
En fait, après des écoutes répétées de ce live, j'ai la même ébauche de réponse qu'après avoir replongé mes appareils auditifs dans "There". High Wheel est un peu à l'équateur des 2 hémisphères de la planète prog : déjà trop compliqué pour les uns, pas assez pour les autres. Choisis ton camp camarade !
Est-ce le seul problème en soit ? Je ne pense pas car si leur musique est effectivement plus compliquée que Pendragon ou Arena, elle ne l'est guère plus que celle des Spock's Beard ou Flower Kings de la même époque. Il est vrai par contre qu'elle est moins grandiloquente, moins "coulante", moins pompeuse (sans arrière-pensée péjorative). Et ce live le démontre un peu plus : le son est brut, à peine produit. Les claviers ne vont pas remplir l'espace sonore de votre auditorium de leurs sons veloutés. Non, n'oublions pas que dans "rock progressif", il y a "rock". Et ce concert l'est assurément, l'énergie dépensée et la sueur produite se sentent à chaque seconde qui passe.
Alors peut-être que le problème est dans la longueur. Leur musique est dense et les morceaux s'étirent. Pour exemple, "there" (le titre) passe de 19 minutes dans sa version studio à 26 en live et au final, le groupe ne délivre que 12 titres. Oui je sais, c'est déjà beaucoup... sauf que j'ai oublié de vous dire que c'est un double-CD, rempli quasi ras-la-gueule, faîtes donc la moyenne par titre ! On en revient alors au point de départ : High Wheel n'est pas grand public ! Mais on s'en fout un peu, non ? Quel groupe de prog l'est aujourd'hui ? D'autant que si on se penche un peu plus sur le répertoire de ce live (un florigène de leurs 4 albums studios depuis 1993), on pourrait y voir une digestion de Saga pour l'énergie, de Yes pour les changements d'ambiances et de Spock's Beard pour les mélodies.
Pourtant, jamais en apparence la musique de Wolfgang Hierl et de sa bande n'est aussi attachante de prime abord que celle de l'un de ces groupes prĂ©cĂ©demment citĂ©s. Pour apprécier High Wheel, il faut creuser, se laisser envoûter par des écoutes successives. L'instrumental "into voyage" me semble le mieux résumer cette musique : d'une intro très gilmourienne, on finit exténué 11 minutes plus loin après une jam effrénée de nos 4 virtuoses, pas loin du hard-rock. Virtuoses, oui, mais pas démonstratifs !
Et si tout simplement, le problème était le manque de chance... Par un manque de promotion, High Wheel n'a pas réussi à prendre le train des groupes "à succès". Aujourd'hui, avec ce live comme carte de visite, c'est un nouveau départ : leur nouveau label, Progress Records, envisagerait la réédition des oeuvres complètes. De quoi remettre ce groupe à sa place : en haut de l'affiche du prog actuel.
Laure Dofzering
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