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En 1972 la contribution de Barry au sein de Golden Earring se limite encore essentiellement au chant et à quelques parties de flûtes. Il n'est pas encore le co-leader qu'il va devenir progressivement aux côtés de George Kooymans et son implication dans les compositions est très minime : un ou deux titres par album tout au plus.
C'est donc sans surprise que ce premier essai en solo, emballé dans une pochette très champêtre et psychédélique dont le titre est à peine lisible, ne rencontrera pas son public, pas plus que le single (sans inédit) qui en sera tiré. J'avoue humblement qu'au moment où je l'ai acheté, par pur complétisme, je ne me suis pas non plus aperçue de ses qualités. Ce n'est que 10 ans plus tard, m'immergeant dans cette rétrospective, qu'il me dévoile tous ses charmes.
Comme pour l'album de Kooymans, l'atmosphère générale est assez paisible. Mais c'est un leurre, notamment sur les 4 premiers titres d'où se dégagent des guitares très rock bluesy, typiques de l'époque. En déduire alors que l'on a affaire à un de ces innombrables albums de rock basique serait une erreur. Ce n'est qu'une partie du son luxuriant de ce disque, fait de breaks acoustiques, d'un hammond discret et d'envolées de cordes dont Golden Earring va devenir le spécialiste tout au long des années 70. Les 2 titres suivants sont beaucoup plus acoustiques, cousins d'un certain folk-rock anglais classieux et à l'instrumentation riche et lumineuse.
On savait Barry frontman hors-pair, on le découvre grand compositeur et magnifique arrangeur, capable de produire un disque haut de gamme, varié et néanmoins cohérent. Réalisé sans ses compères de Golden Earring, à l'exception de Cesar Zuiderwijk qui tape sur des bongos le temps de "I want to be with you", il n'est pas improbable qu'ils furent cependant très impressionés par ce travail, spécialement par le "Once upon a time" final, prototype du son Golden Earring pour les 5 ans à venir, en quelque sorte une relecture de "She flies on strange wings" et le brouillon des grandes fresques du genre de "The vanilla queen".
Quant aux amateurs de rock prog que vous êtes, ne me dîtes pas que les quasi 9 minutes de "Xeña" en ouverture de cette petite perle obscure ne vous caressent pas dans le sens du poil ! Et si je vous dis que Robert Jan Stips (à l'époque futur Golden Earring puis Nits, mais surtout tête à penser de Supersister) promène ses claviers sur tout ce disque, c'est un peu de la famille, non ?
Je m'étonne donc que vous soyez encore là à me lire et non déjà en train de "googleliser" dans le but d'ajouter ce trésor caché à votre collection. Un bien bel album en vérité, dont pour ma part j'aimerais bien dénicher la version vinyle, afin d'apprécier les détails de sa pochette "gatefold" auquel le format cd ne rend pas justice.
Laure Dofzering
PS : Ce texte est extrait de la 2ème partie de la biographie consacrée à Golden Earring, retraçant les années 1969 à 1972. La 1ère partie, consacrée aux années 1965-1969 est parue dans le n°72.
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