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Me voici avec entre les mains l’album posthume de Grey Lady Down qui fut, sans doute, l’un des groupes de néo progressif le plus controversé au sein de la presse spécialisée, considéré par celle-ci comme un combo manquant singulièrement d’originalité (pourtant à la vue du palmarès du groupe, on est en droit de se poser des questions). Manque d’originalité, voilà bien un argument souvent employé à tort et à travers à l’encontre de ce style musical. Mais qu’importe, le néo progressif, souvent sujet à polémique, aura toujours ses détracteurs et néophytes.
Bref, un rapide historique de la carrière du défunt groupe s’impose:
Oxford, 1992 : Louis David (clavier), Julian Hunt (guitare et violon) et Martin Wilson (vocals), rejoint ensuite par Mark Robotham (batterie) et Sean Spear (basse), créent Grey Lady Down (nom extrait d’un obscur film avec Charlton Heston). Le groupe se rode en tournant beaucoup mais principalement dans sa région natale. Avril 1993 : le groupe entre en studio (Phoenix Studios de Wokingham) afin d’y enregistrer une démo 7 titres en vue d’un éventuel CD. Le 5 Octobre de la même année, Grey Lady Down fait sa première apparition au fameux Marquee Club de Londres. Peu de temps après, le groupe est signé par le label Griffin/Cyclops avec à la clé un contrat pour deux albums. Février 1994 : Grey Lady Down sort son premier album "The crime" qui comprend tous les titres enregistrés au Phoenix Studios, un album immature, non exempt de défauts qui pâtit surtout d’une mauvaise production. Au même moment, la presse anglaise encense tout particulièrement les prestations scéniques du groupe, il sera même récompensé de l’award du meilleur nouveau groupe par la Classic Rock Society's. L’album "The crime" sera classé 3eme meilleur album de l’année. Vient ensuite en Juin 1995 "Forces", un album bien plus consistant, (et ambitieux) bien qu’encore enclin à divers clichés stylistiques, classé cette fois-ci, deuxième meilleur album de l’année et 4eme meilleur groupe. 1996 : changement de personnel, Mark Westworth remplace Louis David aux claviers et départ de Julian Hunt remplacé par Steve Anderson à la guitare. 1997 sera marqué par la sortie de leur 3eme album "Fear" (meilleure vente du groupe pour le label), avec lequel Grey Lady Down trouve enfin sa voie, son style propre, libéré de tout carcan. En 5 ans, le groupe est passé du statut de héros local à une reconnaissance internationale. Mais c’est en 1998, que Grey Lady Down décide de se saborder pour cause d’indisponibilité de la part de certains de ses membres, Martin Wilson se consacrant à sa famille et Steve Anderson pour raison de santé. Le restant du groupe décidera alors de ne pas les remplacer. Triste fin.
Mais c’est suite à la pression et l’incompréhension de son public déçu, que le groupe prit l’initiative d’organiser un dernier concert à l’Astoria de Londres le samedi 11 Juillet 1998 en guise d’adieu. C’est donc l’enregistrement de ce concert qui nous est proposé aujourd’hui dans son intégralité. Ce qu’il faut savoir, c’est que cet enregistrement a d’ailleurs failli ne pas avoir lieu suite à des problèmes techniques (problèmes réglés 5 minutes avant la montée du groupe sur scène, ouf !).
Bien que le répertoire du concert fut, bien évidemment, centré sur "Fear", le groupe sut offrir à son public un superbe tour d’horizon de leur brève carrière. En plus des titres connus, Grey Lady Down gratifia sa prestation d’un inédit de 14 minutes "the perfect dream". Mais la deuxième partie du concert nous invite à découvrir des moments forts tels que "battlefields of counterpane" repris en choeur par le public (frissons garantis ! ! !), la trilogie de "the crime" interprétée pour la première et dernière fois sur scène s’étalant sur plus de 30 minutes (dont la 3eme partie "surboostée" par le jeu de guitare Steve Anderson est grandiose), le medley "thrill of it all - the flyer" de nouveau en communion avec le public et pour finir "12:02" qui n’est pas sans nous rappeler le "market square heroes» de Marillion de part l’énergie dégagée.
Le public présent put découvrir un groupe en pleine possession de ses moyens, un guitariste au jeu incisif, un chanteur au mieux de sa forme et une section rythmique percutante.
"Annabel", titre provenant de la tournée américaine du groupe en 1996 en guise de bonus, n’était pas vraiment nécessaire mais avec 6 titres de "Fear", 4 de "Forces" et 5 de "The crime", je ne peux que vous encourager à découvrir ou redécouvrir le néo progressif de Grey Lady Down, cet album constituant un émouvant témoignage et un excellent "best of". Toutefois, je tiens à préciser que la qualité de l’enregistrement n’est exceptionnelle, celui-ci étant avant tout destiné à leurs fans.
Je terminerai cette chronique par cette courte épitaphe : Grey Lady Down est mort, vive Grey Lady Down.
PS : Aux dernières nouvelles, Mark Robotham viendrait de créer un nouveau groupe au nom de Thieves Kitchen dont l’orientation musicale n’aurait rien à voir avec le néo progressif.
Denis Perrot
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