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Gotthard dans Koid’9 ? Ben oui, pourquoi pas ? On peut très bien aimer le vieux prog (Yes, ELP, Genesis, Manfred Mann), le prog actuel (Flower Kings, Pallas, Arena), le vieux hard-rock (Deep Purple, Whitesnake, Black Sabbath) ou d’aujourd’hui (Rammstein, System Of A Down) voire d’un mélange technique entre les 2 (Dream Theater, Vanden Plas) tout autant que la vieille garde du rock (McCartney, Mike Oldfield, Chicago, Toto) ou les jeunes loups (Keane, Foo Fighters), tout en passant par le jazz-rock (S. Clarke, M. Miller), le classique (Vivaldi, Prokofiev) ou tout simplement le rock'n'roll tel que celui de Status Quo. Je ne vois pas d’incongruité à ce choix éclectique ! Surtout qu’en passant à côté de ce superbe package DVD/CD, vous vous priveriez d’une belle surprise !
D’abord, l’artwork est sympathique : les fameuses bovines typiques façon Milka emblématiques de nos voisins helvétiques, un mont Gotthard enneigé au fond et le rappel dans le nom du DVD de la référence ultime en matière de disque live : Made in (non pas Japan, mais) Switzerland. Voilà qui nous change des sempiternelles têtes de mort, dragons, photos de scène ou pin-up qui ornent généralement ce genre de produit. Sans avoir rien vu ni écouté, on a déjà la banane !
Gotthard est donc un groupe suisse (allemand), existant depuis 1992 et formé autour du guitariste Léo Leoni et du chanteur Steve Lee. Cet album live est le 11e d’une discographie déjà riche et le premier vrai live. En fait, l’album "D-frosted" était déjà en public mais semi-acoustique. Quant au EP "The Hamburg Tape"s, comme sa qualification le précise, il ne durait que 30 minutes et n’était disponible que sur le marché japonais sorti entre le deuxième album ("Dial hard") et le troisième ("G.") qui allait leur ouvrir les portes de la renommée. Voilà pour ce qui est des présentations succinctes. Enfin, pour ceux qui ont de la mémoire, Gotthard assurait la première partie de Deep Purple lors de la tournée fin 1998 et a présenté quelques shows en France en 2002. Vu le peu de succès qu’il remporte chez nous, il est difficile d’imaginer le succès de ce groupe sur leur propre terre de neutralité. En 1997, j’avais déjà été impressionné par la foule qui était venue les voir dans les environs du lac Léman.
Le DVD qui nous intéresse a été filmé le jour où Lyon a fêté ses dernières illuminations (autrement dit le 8 décembre 2005) dans ce qui ressemble à un Bercy zurichois. A vue de nez, au moins 10.000 personnes ! Dès que le DVD commence par ses menus animés, on sent qu’on a découvert le DVD de référence. Je ne vais pas vous gâcher la surprise mais rappelez-vous que la tournée s’appelait "Lipservice Tour" et que "lips" signifie lèvres en langage shakespearien. Dès qu’on a choisi "Concert", puis "Play all", on est frappé d’emblée par l’ampleur de la scène, le son absolument parfait (tant en stéréo, qu’en 5.1, qu’en DTS), le light show gigantesque, l’aisance du groupe. Leur dernier album studio est évidemment mis en avant avec pas moins de 7 extraits. D’ailleurs, le show commence, comme sur "Lipservice", par "all we are" suivi rapidement de "dream on". 21 titres sont joués dont le final en deuxième rappel qui sera, ni plus ni moins, qu’une exécution explosive d’"immigrant song" comme pour mieux souligner leur racine musicale. On a l’impression qu’on a affaire à un colossal best of tant le concert enfile hit sur hit ("hush" déjà repris par Deep Purple entre autres, "one life, one soul", "mighty quinn" un des tubes de Manfred Mann, etc…). Si le début de la setlist est axé sur les titres les plus rentre-dedans, Gotthard sait aussi se la jouer plus relax ("let it be" – non pas celui des scarabées !, "nothing left at all") pour laisser retomber la pression. En lisant le menu du DVD, je me suis dit que je ne connaissais pas le titre "battle of titans" et pour cause : celui-là est un solo de batteries (oui avec un "s"). Ou plus exactement des soli car Steve Lee (le chanteur) est - au fond de la salle sur une plate-forme qui s’élève au milieu des spectateurs - derrière une batterie répondant, dialoguant bref échangeant avec Hena Habegger (le batteur) resté sur scène. Plus de 6 minutes durant lesquelles ils réinventent le solo de batterie. Finis ces longs soli épuisants où les batteurs montraient leur dextérité devant un public baillant d’ennui. Non seulement c’est très bien exécuté mais en plus, c’est bourré d’humour et de complicité. Un idéal du genre !
Jamais 2h n’auront passé aussi vite ! Je suis resté scotché devant mon écran devant tant de prouesses techniques : le nombre de caméras est impressionnant, les plans se succèdent à un rythme qui me convient totalement, c’est à dire qu’ils laissent le temps de voir ls images du musicien ou de la foule et dès qu'on se dit qu'on pourrait peut-être avoir un autre plan, votre pensée est exaucée. Plans larges, plans serrés, vues du fin fond de la salle, gros plans sur les doigts des guitaristes, visions de côté, d’en haut, de derrière la scène, images volées de spectateurs (-trices) en transe, split-screen (notamment pendant la bataille des titans), bref : tout y passe. Un modèle de DVD musical !
Enfin, pour le contenu proprement musical, on navigue entre le bon gros rock musclé et le hard-fm et le tout agrémenté de belles ballades. Dire que Steve Lee a une voix digne des plus grands tels que David Coverdale, Robert Plant ou Paul Rodgers, serait encore réducteur. Son aisance, sa simplicité, sa bonne humeur, son professionnalisme ont peu d’équivalent ! Le reste du groupe assume derrière lui une prestation, certes simple en apparence, mais magnifiquement bien huilée. Outre Steve, le plus gros du spectacle est assuré par Léo et sa guitare (derrière la tête pour le solo d’"immigrant song", ou encore avec la talk-box pour l’intro et le solo de "mountain mama". Je sais que certains assimilent facilement simplisme et simplicité, mais c’est tout un art de jouer des morceaux simples avec brio. Quand, en plus, l’image et le son atteignent un tel degré de perfection, on ne peut qu’applaudir !
J’allais oublier : en plus, il y a des bonus ! Et encore une fois, rien que des choses passionnantes ! A commencer par un "making of du konzert" de 16 minutes durant lequel on peut vérifier qu’un tel show se prépare de longue date et que rien n’est laissé au hasard. Léo nous présente ses guitares avec amour et explique les spécificités de chacune d’entre elles. Allez, un petit regret qui me fera dire que la perfection totale n’est pas de ce monde : ils ont oublié les sous-titrages en français ! Bah, ce sera l’occasion de réviser votre anglais (ou d’apprendre l’allemand) ! 3 clips sympathiques complètent le tout ("lift U up", "anytime anywhere" et "dream on"). Si les 2 premiers étaient déjà sur les MCD extraits de l’album, "dream on" est une nouveauté et continue "anytime anywhere" dans le pastiche du film "Sin city" (filmé en noir & blanc avec seulement le rouge qui apparaît de temps en temps). Vous aurez également droit au "making of" du clip. Enfin, pour finir en beauté une petite galerie de photos sur fond de "everything I want".
Un mot encore : le DVD offre le CD du concert pour le même prix ! 17 titres pour un total de 78 mn ! Ah, si seulement le "Made in Japan" de qui vous savez avait été filmé et enregistré de cette manière, j’aurais été le plus heureux des hommes ! A défaut, ce "Made in Switzerland" remporte haut la main le prix du plus beau DVD !
Gilles Masson
Site du groupe
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