Fruupp : Seven Secrets (1974 - cd - parue dans le Koid9 n°72)
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Nous avons déjà parlé des 1er et 4ème albums de ces Irlandais. Voici la chronique des deux albums "intermédiaires". Fruupp est la création du guitariste Vincent Mc Cusker (ex-The Blues By Five) avec Martin Foye (batterie), Peter Farrely (basse, flûte et chant) et Stephen J. Houston (claviers et hautbois). En 1971, ils s?installent dans un squat de Belfast où ils vivent et répètent. D?où vient le nom de Fruupp ? La légende dit que c?était le nom d?un des fantômes qui hantait la bicoque. À moins que ce soit parce que leur vieille machine à écrire ne fonctionnait plus que sur trois lettres, le F, le U et le P? Son 1er show, Fruupp le réalise en supportant Rory Gallagher le 23 juin 1971. Il est signé par Dawn Records (filiale de Pye Records) en août 1973 qui sort "Future legends" en octobre (voir précédent Koid'9).
En janvier et février 1974, Fruupp retourne en studio pour "Seven secrets", son second LP. Pourquoi ce titre ? Parce qu?ils avaient déjà 6 morceaux écrits (ce qui est une performance quand on sait que le 1er album n?est paru que 3 mois plus tôt), dont le management n?était au courant. Mais comme "Six secrets" ça ne sonne pas très bien, Mc Cusker a du rapidement composer le morceau "seventh secret" (de 30 secondes !!!) pour que le disque s?intitule "Seven secrets". Quelle histoire ! Comment le décrire ? Difficile? C?est du rock symphonique, mais réalisé de manière artisanale, avec un hautbois nasillard (à l?image du 1er ELO et du 1er Roxy Music), des sonorités étranges à la Gryphon, des accélérations urgentes presque comiques (basse et guitare rythmique clinquantes, chant primesautier), des passages calmes presque floydiens et cameliens (guitare lyrique, piano en accompagnement). De temps à autres, on intègre des thèmes baroques connus du genre Haendel, et puis on enchaîne sur des mélodies de leur cru, à grand renfort d?une section de cordes joyeuses. Fruupp joue une musique rebondissante, chaleureuse, jamais ennuyeuse, "Seven secrets" évoluant nettement par rapport à "Future legends". Il s?agit d?un bien bel album parfois considéré comme leur meilleur (mais moi, je préfère les deux suivants). Il paraît le 19 avril 1974 et Fruupp se lance dans une courte tournée qui s?achève au Shaw Theatre de Londres où le groupe offre une performance encore plus théâtrale que Genesis. Ainsi, Stephen réussit à jouer de deux claviers, de son hautbois, tout en assurant les ch?urs aigus et en s?égorgeant d?une épée sur scène, à grand renfort d?hémoglobine !
Le 6 août 1974, Fruupp rentre de nouveau en studio pour enregistrer son album le plus ambitieux : "Prince of heaven?s eyes" avec sa pochette mignonne, réalisée dans un univers enfantin qui convient bien à sa musique. Encore une évolution notable pour Fruupp qui a acquis de l?expérience. La confiance est perceptible dès le 1er titre, le grandiose "it?s all up now". Mc Cusker se prend de plus en plus pour Steve Howe ! Ce disque est basé sur la nouvelle "The prince of heaven?s eyes" de Paul Charles, le Peter Sinfield ou Keith Relf de Fruupp (incluse dans le livret de la réédition de Esoteric Recordings, comme elle l?était dans le premier pressage limité à l?époque). C?est l?histoire de l?innocent Mud (qui trône sur la pochette), à la recherche d?aventures romantiques. Le second titre, "prince of darkness", est également fabuleux, me rappelant le Genesis du meilleur cru, celui de "Selling England by the pound", jusque dans la voix de Peter Farrely. Le rock symphonique de Fruupp a pris des autours beaucoup plus policés et chaque musicien est au diapason de cette évolution, comme sur le court instrumental détendu et allègre "jaunting car" que ne renierait pas Steve Howe. "Annie Austere" (qui n?a d?austère que le nom), évolue dans un univers proche de Yes avec une mélodie gaie et impérissable (face B du single "prince of heaven", titre bonus de l?édition CD). C?est un pur ravissement et tout l?album baigne dans cet esprit progressif symphonique haut de gamme. Même la prise de son du hautbois est réussie (le transcendant "knowing you" où brillent également la guitare électrique lyrique et la flûte émouvante, alors que s?exprime un piano versatile). Le disque paraît en novembre 1974, et c?est un succès immédiat après deux albums vendus jusqu?à l?épuisement total des copies. C?est l?album qui se vendra le mieux, et pour cause lorsqu?on écoute le sublime "seaward sunset", morceau d?inspiration classique et genesisienne (un petit côté "watchers of the sky", non ?). Sitôt la tournée achevée, Stephen le claviériste annonce son départ pour se consacrer à la religion. Cela va avoir pour résultat de stopper l?ascension du groupe, malgré la réalisation de "Modern masquerades", avec John Mason aux claviers, produit par Ian Mc Donald (voir précédent numéro). En effet, Seymour Stein, le patron de Sire Record à New York (et futur producteur de Madonna, B52s, Talking Heads, KD Lang?), a été enthousiasmé par "The prince of heaven?s eyes" et demande au groupe de passer une audition. Malheureusement, Fruupp réduit à 3 musiciens est obligé de décliner l?invitation? La fin de carrière de Fruupp sera donc marquée de plusieurs actes manqués? Lors de la tournée "Modern masquerades", un nouveau groupe ouvre pour Fruupp : il s?agit de The Clash ! Puis un album live est enregistré ("Live at Friars Alesbury"), mais les bandes master seront détruites dans l?incendie de l?appartement que louaient Vince, John et Paul Charles à Londres ! Le 5ème album studio ("The flight of the dove") basé sur la musique de "1812 Overture" de Tchaikowski, ne verra pas le jour non plus car début 1976, le rock progressif n?a plus la cote. Pour l?heure découvrez ce groupe avec "The prince of heaven?s eyes" et "Modern masquerades" (puis les deux premiers s?imposeront d?eux même). Vous aimerez, j?en suis persuadé?
Cousin Hub
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