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Flower Kings (The) : Flower Power (1999 - 2 cd - parue dans le Koid9 n°29)

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En règle générale, après avoir sorti un double album (ou un "gros concept"), un groupe de rock progressif a plutôt tendance à calmer le jeu niveau ambition en proposant à son public une galette un peu plus modeste, tout au moins quantitativement (Ex : "Brave" et "afraid of sunlight" pour Marillion, et les paris sont ouverts concernant le prochain studio d'IQ !). La démarche des mégalomaniaques Flower Kings est toute autre : suite au somptueux et imposant "Stardust we are", ils nous refont le coup du double album avec leur nouvel opus sobrement intitulé "Flower power" (titre difficile à éviter indéfiniment !) affichant une durée encore supérieure à celle de son illustre prédécesseur (68'41 et 73'38, dont un morceau d'une heure, ni plus ni moins !). Mais exploit renouvelé, toujours pas de remplissage à l'horizon (ou si peu), même si on pouvait craindre le pire dans le cas de "garden of dreams", la longue suite en 18 parties enchaînées ouvrant le 1er CD. Attardons nous pour commencer sur celle-ci qui constitue à mes yeux le sommet du disque et qui justifie à elle seule l'achat de l'album. Pas de lourd pavé indigeste à l'horizon (même si la chose nécessitera quelques écoutes pour livrer toute sa substance), mais une longue fresque musicale passionnante, inspirée et maîtrisée de bout en bout, riche en rebondissement, bref, tout simplement extraordinaire ! Co-composée par Roine Stolt et Thomas Bodin, ce titre est d'ailleurs pour l'anecdote le plus long de toute l'histoire du prog (si on met de côté le formidable exploit de Mike Oldfield avec les une heure de délire de son "Amarok". Inauguré par le son d'un orchestre cherchant à s'accorder puis par un thème chanté cher à la bande à R.Stolt, ce morceau fleuve ne cessera de nous étonner en alternant mélodies légères ("all you can save"; "garden of dreams"), séquence de claviers enfiévrés signées T.Bodin ("Mr hope goes to Wall street") pleines d'humour et de second degré (certains bruitages sont hilarants!), passages résolument rock et musclés ("don't let the devil in" affichant guitares rageuses et saturées enrobées d'un feeling très Zappa) et enfin ambiances planantes ("dungeon of the deep" ou quand T.Bodin nous plonge à grand renfort de samples vocaux dans l'univers gothique et vampirique d'Anne Rice). Cette "pyramide de sensations" s'achève en apothéose avec un "final deal" à vous refiler des frissons de bonheur, bref, c'est le "big foot" absolu (et que personne ne vienne me parler du yeti ou d'un primate géant humanoïde cher aux américains !). Mais trêve de parenthèse débilo pas franchement utile et revenons plutôt à nos moutons... A mon sens, la réussite de ce "garden of dream" doit énormément à la présence aux commandes de Thomas Bodin et son indéniable génie créatif (bon nombre d'éléments de cette suite nous rappelle les meilleures moments de son 1er opus en solitaire, et comme dirait le proverbe : "avec Thomas, c'est pas du "BIDON" !...

Bon, décidément, il va falloir que j'arrête sérieusement avec les parenthèses !). On en viendrait donc à souhaiter que le fonctionnement du groupe soit davantage démocratique et que Mr Stolt laisse encore plus d'espace à ce clavieriste hors-pair. Jaime salazar n'aura droit quant à lui qu'à 5 ridicules secondes d'autonomie totale sur le "roulement de tambour" d'"ikea by night" ! Et si, non comptant d'être de sacré rigolard, les acolytes de Roine Stolt étaient de parfais fainéants ? (à moins qu'ils ne soient tous débordés par d'autres projets, laissant ainsi le guitariste faire tout le boulot pour The Flower Kings). Enfin, ce premier CD se conclura de manière instrumentale avec un "astral dog" mettant en avant la guitare de Stolt et ses facultés d'improvisation. Venons en maintenant au deuxième disque constitué de 10 titres de bonne facture (indépendants quant à eux) mais finalement assez conventionnels. On retrouve donc les influences chères aux suédois, Yes en tête (écoutez donc la rythmique et les vocaux de "psychedelic postcard"), ainsi que d'autres plus originales voir inattendues ("corruption" et son tempo reggae, déjà entendu sur le très frais "ghost of the red cloud" de "Stardust we are", le très pop "stupid girl" et sa ligne de basse à la Adam Clayton de U2...). Côté compo "fadasse", il y aura tout de même "magic pie" (seul titre de l'album signé par le chanteur Hans Froberg) avec sa mélodie trop évidente et ses parties vocales typées variété américaine (voilà à mon avis la seule vraie faute de goût de l'album). Pour le reste, c'est presque que du tout bon, même si ce deuxième disque par son caractère hétéroclite fait un peu "CD bonus" d'un album que le groupe aurait intitulé "Garden of dream"! "Flower power" nous prendra un certain temps avant digestion complète (le double album affichant quand même une durée égale à celle de trois CD's standards!), mais on pardonnera l'ambition excessive de nos suédois préférés tant le plaisir de la découverte reste intact. Certes, rien de fondamentalement révolutionnaire dans ce "nouveau monstre", mais toujours quelques surprises propres à éveiller et maintenir l'attention, sans oublier un constant et incroyable soucis de qualité. Chez les Flower Kings, on se renouvelle certes doucement, mais sûrement !

Philippe Vallin




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