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J’avais eu l’occasion de vous entretenir de cet attachant combo finlandais qu’est Five Fifteen dans les colonnes du numéro 39 de Koid’9, à la faveur de la sortie de leur précédent opus "Death of a clown". Je découvrais (avec bonheur dois-je le préciser), comme nombre d’entre vous sans doute, cette formation emmenée par Mika Järvinen, qui depuis l’origine (1987) est l’éminence grise du groupe, puisque notre homme compose les chansons et écrit l’ensemble des textes du groupe.
Heureusement ! Si tel n’était pas le cas la formation aurait en effet purement et simplement disparu à l’heure où je vous parle, puisque à la suite du précédent album paru en 2001 les 5 autres membres du groupe s’en sont allés arpenter d’autres chemins, musicaux ou non …
Quid donc de la cuvée 2003 de "l’homme au torse nu" ? (Mika, tel Iggy l’iguane, ne conçoit en effet une prestation live qu’ainsi "dévêtu").
Eh bien grâce à la mainmise totale exercée par Mika sur son art, "l’esprit" 5.15 perdure en dépit de l’ouragan essuyé par le vaisseau finlandais. Mika a su s’entourer à nouveau de talentueux musiciens qui lui permettent de transmettre la flamme et le style si personnel de ses compositions contre vents et marées. En l’occurrence, les nouveaux membres d’équipage répondant à l’appel sont Saana Koskinen au chant (la demoiselle n’a pas 20 ans, mais quelle voix mes aïeux !) et à la flûte, Mikko Määttä à la basse, Matti Salovaara à la guitare, Santeri Saksala à la batterie et Kalle Sinkkonen aux claviers.
Vous reprendrez bien un peu de claviers messieurs/dames ? Qu’à cela ne tienne, Mika s’est également adjoint les services ponctuels de Kaj Lammervo à l’orgue Hammond, et de Pate Kivinen au piano (au passage, Pate est le seul rescapé du line up initial au sein duquel il intervenait déjà occasionnellement). Pas très typique d’une formation de hard prog, isn’t it ?
Appareillons à présent ! Cette galette comporte 10 titres qui naviguent entre le très sympa et le fantastique. Si l’on excepte en effet le premier morceau, "black Monday", un peu basique et redondant à mon goût, Mika nous sert un panaché idéal de titre pêchus auxquels succèdent des morceaux doux, mes préférés d’ailleurs le plus souvent.
Globalement je dirai que "The sensational 5.15" est plus "rock" que "prog" (par comparaison à "Death of a clown" notamment), ce qui ne signifie aucunement que les compositions ne sont ni soignées ni recherchées, bien au contraire.
Ce n’est pas parce que les guitares de 5.15 sont souvent puissantes, voire saturées, que le combo finlandais joue réellement du hard non plus, tant le souci de la mélodie et l’omniprésence des claviers sont patents. Parmi les titres survoltés, jetez donc une oreille à "it’s all over baby blue" (traitant de l’addiction à l’héroïne), dont la ligne de basse rappelle celle de Propeller’s Head pour la B.O. de Matrix, vous m’en direz des nouvelles ! Idem pour "Jesus went to NYC", aux textes humoristiques, ou "my name is Judas". A chaque fois ça déménage sans que la recherche mélodique ne soit jamais mise à l’index. En outre, Mika prend toujours soin de laisser retomber la pression aux moments opportuns.
Du côté des titres plus "calmes", "only lovers are left alive" est un hit potentiel (ce n’est pas une critique sous ma plume !) tant le refrain est accrocheur, tandis que "every dog has its day" est tout aussi superbe, la guitare sèche en intro cédant soudainement le pas à l’orgue Hammond et à la section rythmique qui vous prennent la main jusqu’à la fin de ce titre tout aussi habilement composé que les précédents.
Passons enfin aux deux titres les plus doux, avec "high times we had", au tempo lent, superbe, et surtout la fantastique ballade "together alone", le clou de l’album selon moi. Le morceau démarre sur quelques notes de guitare classique avant que le duo Mika/Saana ne nous envoûte sur fond d’histoire d’un couple se déchirant du fait de problèmes d’alcoolisme et de violence (furieusement d’actualité, n’est-il pas ?). Santeri et Pate prennent rapidement le relais à la batterie/piano, avant que Mika et Saana ne finissent de nous emmener crescendo chacun à leur tour au septième ciel. Un morceau d’anthologie, qui transpire de génie et vous colle invariablement la chair de poule à tous coups sans que vous ne puissiez rien y faire ! Comme évoqué dans l’interview, la majorité des morceaux sont chantés en duo par Mika et Saana, et honnêtement on ne le regrette pas une seule seconde tant la voix de cette toute jeune chanteuse est fabuleuse de pureté et de puissance. Certes "The sensational 5.15" est un peu moins prog que son prédécesseur, mais il a grâce à Saana énormément gagné en humanité.
Le disque s’achève sur un morceau où Mika est juste accompagné par l’orgue hammond et d’un piano, une sorte de berceuse destinée à nous permettre de faire de beaux rêves, de ceux qui appellent très vite une nouvelle galette du même acabit !
Un album fortement conseillé donc, au même titre que son prédécesseur, tant il serait dommage de passer à côté d’un groupe si talentueux et original.
Serge Llorente
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