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Cet album est le deuxième du compositeur et claviériste Canadien Redjy Emond, il est d'ailleurs paru il y a déjà plus de deux ans mais il a atterri dans nos bureaux des Champs Elysées (!) il y a seulement quelques semaines !
Redjy Emond est un musicien de formation classique dont les influences avoués sont Moussorgski, Keith Emerson et Rick Wakeman. Les deux derniers sont peut-être les deux plus fameux claviéristes "rock" mais possèdent des styles de jeu et de composition très différents, c'est assez clair ! Emond réussit pourtant tout au long de cet album à faire transparaître ses influences et à les transcender avec plus ou moins de bonheur.
Le défaut majeur de cet album réside dans les programmations de boîtes à rythme, par trop froides et mécaniques, c'est vraiment dommage. Par ailleurs, Emond se croit obligé d'utiliser tout un arsenal de sonorités tourbillonnantes de minimoog ou approchantes pour ses solos. Certains en raffolent évidemment et si un jour je les ai appréciées, je dois avouer que ce n'est plus tellement le cas aujourd'hui ! Je ne parle pas de la sonorité d'orgue Hammond de synthèse qui n'égale pas l'originale… De toute évidence, voilà quelqu'un qui maîtrise très bien ses instruments mais gagnerait à développer des sonorités plus chaudes et peut-être plus réalistes. Si le claviériste disposait d'un véritable orchestre pour l'accompagner en fait, ce serait mieux mais il ne faut pas trop en demander !
A part ces petites critiques relatives à la production et aux sons (ce qui reste assez subjectif), la musique de Redjy Emond est plutôt plaisante, variée, pleine de rebondissements et aussi de virtuosité, et contient plutôt des références classiques sur le plan mélodique, plus de rares éléments de jazz, de façon parfois inattendue au milieu d'un morceau… Emerson est ouvertement la plus grande influence. D'ailleurs celui-ci est aussi un amateur de classique relativement moderne, en l'occurrence de Moussorgski, après tout. Emond affectionne en effet les parties dramatiques, les thèmes légèrement mystérieux et parfois menaçants mais sans jamais sombrer dans la lourdeur, intercalant quelques parties plus légères et même joyeuses ("conqueror"). Un foisonnement de thèmes, quelques très belles parties de piano dispersées ici et là, des séquences très symphoniques un peu à la façon ELP dans les années 90 (au niveau arrangements), beaucoup de changements de rythmes, une certaine fièvre qui ne se traduit pas spécialement par des dissonances ou alors de façon assez limitée (pas de séquences "bruitistes", ce n'est pas un mal), voici comment on peut résumer cet album. Pas beaucoup de répit pourtant, tout au long de ces 50 minutes réparties sur 7 morceaux atteignant entre 5 et 9 minutes plus une courte introduction de 40 secondes. Ce bouillonnement incessant serait probablement plus appréciable avec quelques morceaux lents – voire dépouillés de percussion – intercalés dans l'ensemble.
Si vous aimez les morceaux fouillés et à rebondissements, les synthés virevoltants, vous apprécierez probablement cet album d'un artiste à suivre.
Marc Moingeon
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