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Ce deuxième album du projet parallèle de Trent Gardner (Magellan) est bien différent du premier, cela saute aux oreilles si je peux me permettre ! Quand vous aurez fait abstraction de la drôle de découpe du "mammouth" en 44 sous-parties sur le CD alors qu’il s’agit, en fait, d’une seule suite qui se décompose plutôt en 4 parties (en gros…) et de celle inscrite sur le boîtier lui-même et qui est incompréhensible à cause de sous-titres incongrus (sans parler du temps complètement faux pour la partie instrumentale), vous pourrez vous concentrer sur la musique et les textes. Côté textes, Gardner lui-même dit avoir été dans un moment de dépression profonde pour avoir pu les écrire, ça vous donne une idée de la musique !! Non, sérieusement celle-ci n’est pas spécialement sombre ou lugubre.
Au niveau des invités, c’est un festival de vedettes ! Jugez-en par vous-même : Aux guitares Marty Friedman (ex-Cacophony, ex-Megadeth et auteur de quatre excellents albums solos depuis 1988) , Gary Werhkamp (Shadow Gallery) et Kerry Livgren ! A la batterie Terry Bozzio (Zappa, Jeff Beck, UK, The Lonely Bears, etc, etc…). A la basse John Myung (Dream Theater). Au chant Steve Walsh (Kansas) et James LaBrie (Dream Theater …encore !). Aux claviers, Gardner n’a pas l’exclusivité et on retrouve le fantastique Mark Robertson de Cairo.
Avec une équipe pareille, on pouvait s’attendre au meilleur mais "Raising the mammoth" n’exploite pas pleinement, à mon humble avis, toutes les capacités de certains musiciens qui sont impossibles à reconnaître (les guitaristes en particulier).
La première grande partie "raising the mammoth 1" dure plus de 38 minutes et se subdivise en trois parties complètement distinctes mais enchainées (d’ailleurs toutes les parties de l’album sont enchainées !). La première, "passage to paralysis" démarre avec une orchestration dissonante digne d’ELP, une influence que l’on retrouvera d’ailleurs plus loin dans l’album, en particulier dans la section instrumentale "raising the mammoth part 2 - gigantipithicus". Mais une chose à la fois ! Après cette intro mystérieuse, le morceau explose avec rythmes syncopés guitares saturées et démultipliées un peu à la Queen, ce qui est l’œuvre de Gary Werhkamp. Arrive ensuite la voix de Steve Walsh, et occasionellement celle de Gardner. Le chanteur de Kansas n’est certes plus le gaillard d’avant, il serait inutile de le nier en entendant sa voix vraiment plus faible et éraillée mais il a su démultiplier ses parties vocales et l’effet est assez saisissant et compense ses faiblesses. Cette longue partie de 15 minutes fait alterner une coda lente et mélancolique avec des sections très lourdes, rapides et syncopées en même temps… un sacré boulot s’il fallait jouer ça live…. La seconde partie "broad decay" est paraît-il inspirée plutôt par Pink Floyd… Pas si évident mais Gardner a passé le stade des influences mal digérées…. Pendant près de 12 minutes on a une longue glissade assez linéaire avec toujours Steve Walsh plus Gardner au chant, et beaucoup de claviers, dans une ambiance assez planante mais ça s’éternise vers la fin avec un motif trop répété… Puis c’est la troisième partie qui mérite effectivement d’être sous-divisée… Le début est acoustique (Kerry Livgren) avec un duo LaBrie/Gardner magnifique, une mélodie superbe. Après quelques minutes, les synthés entrent en jeu et c’est la conclusion instrumentale du morceau qui se dirige déjà vers la deuxième grande partie de l’album, avec un rythme lent et lourd soutenu par des guitares plombées sur lequel s’éternise un double solo synthé et guitare (Marty Friedman dont le son est méconnaissable et pas très propre par rapport à ce qu’il fait d’habitude).
La deuxième grande partie, "raising the mammoth part 2 – gigantipithicus" dure environ 22 minutes puisque l’album dure en tout une heure et non pas 28:44 comme écrit sur le boitier !! 28-44 c’est la référence des index de morceaux sur le CD ! ! Vraiment on se demande à qui font appel Mike Varney et Pete Morticelli pour les PAO des livrets et si quelqu’un relit avant l’impression… Il y a toujours de ces erreurs qui ne font vraiment pas professionnel du tout….
Cette partie regorge d’action et évoque tour à tour Queen (cf. les harmonies dignes de Brian May jouées par Gary Werhkamp qui adore jouer dans ce style avec son collègue Brendt Allman dans Shadow Gallery, on le sait) puis ELP dans ses différentes époques (un gros solo d’orgue Hammond à la "tarkus" joué problablement par Mark Robertson mais aussi des claviers très orchestraux plus modernes qui rappellent Emerson dans les années 80-90) et enfin Genesis dans ses grands moments de parties instrumentales syncopées pour la fin. Le tout avec une multitude de thèmes très entraînants.
"Raising the mammoth" est donc une œuvre assez disparate, foisonnante d’idées mais avec quelques longueurs (comme le précédent d’ailleurs). On a un peu de mal à rentrer dans l’album, en partie à cause de sa structure assez libre. Mais c’est un album étonnant et dépaysant, qui mérite bien quelques écoutes attentives pour en faire le tour, mais n'est-ce pas l'un des bons côtés du rock progressif après tout ?
Alors merci Monsieur Gardner pour cette nouvelle aventure musicale.
Marc Moingeon
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