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1er album pour ce nouveau groupe même s'il a été enregistré entre 2002 et 2004.
East Wind Pot est formé par Yoshiyuki Sakurai à la basse, de Dasuka Yamasaki aux bois et cuivres et des frangins Tsuchiya, Eichi à la batterie et Yuko aux claviers à qui on doit toutes les compositions.
6 morceaux (48min44) dont le premier "dr bloodmoney" (6min53), jazzy et canterburien avec son sax et son hammond, possède un son moderne pour une musique triple vintage.
Daisuka Yamasaki a bien écouté et digéré Didier Malherbe et meuble bien l’espace. Très goûtu, ça ouvre l’appétit !
La deuxième plage au titre long comme un ténia débute par un piano à la Joachim Kühn, une guitare en soutien feutré, c’est oldie mais très très bien fait. A 3min20, ça se jazzifie un peu plus, sax et xylophone s’invitent et intellectualisent un peu le truc. On se répond les uns les autres, c’est assez jubilatoire. Ok rien de prog, quoique. On a bien intégré les National Health, Hatfield & the North, Soft Machine, Caravan, etc à notre église alors ici, pas de raison de trouver à redire. La qualité du truc, c’est la classe de la compo, les différents thèmes développés, jamais prise de tête et surtout le judicieux choix du bon instrument au bon moment. Quand les 12 minutes du morceau s’achèvent, on se dit qu’on vient d’entendre un truc assez impressionnant de maturité et de maturation.
"Minotarus" (6min43) a une intro plus rock, mais le truc d’East Wind Pot, c’est cette atmosphère pas tout à fait jazz-rock, pas jazzy non plus, où les digressions, les transgressions sont toujours de mise et bienvenues.
Le sax nous fait croire qu’il a un train à prendre et défonce ses poumons pour nos oreilles sur le final. Voilà un morceau qui m’aurait sans doute gonflé il y a quelques années et que je trouve aujourd’hui musicalement remarquable. C’est clair, encore une fois, et ce, sans jugement de valeur, intégristes de néo fuyez, pour les autres, il y a matière à progresser !
Un côté Weidorje se fait jour sur "blue monday". Vous vous souvenez de cette protubérance magmaienne ?! Egalement un côté New-York boîte de jazz, et le mélange est réussi, chaud, et manifestement chez EWP, seul le résultat compte… à savoir, juste le plaisir…
Quoi dire de "l’aiguille creuse" (en français dans le texte), le cinquième morceau, si ce n’est juste un résumé de ce que peut être le jazz-rock à son meilleur, pas prise de tête, mais avec une prise de risque pour les musiciens, un piano volontaire et dirigiste, une section rythmique parfaite, les autres instruments s’autorisent allers et venues en toute impunité et sans modifier un équilibre toujours à reconstruire ; sous des airs de déjà entendu, juste de la haute voltige !... Pour preuve, dans ce maelström de notes "conventionnellement" jazzy, vous entendrez iconoclastement une basse à la Saga ! Délire non !
Je n’avais pas encore cité Chick Corea mais sur "april dancer", notre ami Yuko peut difficilement dire qu’il ne le connaît pas. Alors bien sûr, des gens ont posé des bases, des jalons avant ; mais heureusement qu’il ne faut pas s’interdire de reprendre des choses là où elles en sont restées, se les réapproprier et les offrir à qui veut entendre. L’histoire est un éternel recommencement, juste merci à ceux qui entretiennent le feu. En plus pour pimenter, chez East Wind Pot, il y a toujours un truc qui n’a rien à faire là, sublime sacrilège, qui fait avancer, même d’un iota, le schmilblick.
Il est là le secret. Non ?!
Loin du prog ? En tous cas, une œuvre qui doit forcément occuper une place de choix dans une musicothèque.
Bruno Cassan
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