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Voici un album peu commun, le fruit de la collaboration d'un guitariste/chanteur et d'un violoniste (en fait un multi-instrumentiste), qui puise son inspiration à la fois dans le jazz, le progressif, le classique, ce qu'on appelle parfois les "musiques nouvelles", divers éléments folkloriques, et la chanson francophone !
Philippe de Mouctouris (guitares acoustique et électrique, guitare synthé, chant) a composé ces 12 pièces seul ou en collaboration avec Julian Akzoul (violon, basse, synthé, percussion, guitare électrique). Disons que les arrangements sont essentiellement basé sur la guitare acoustique ou électrique (mais avec son clair, jazzy) et le violon, avec les autres instruments cités en renfort ici et là, plus les contributions de quelques invités (clarinette, flûte, batterie, chacune sur un titre).
A l'exception du morceau titre de 9 minutes, les morceaux sont plutôt courts, mais leur construction n'est pas spécialement simple ni conventionnelle. Les trois premiers morceaux, tous instrumentaux, sont plaisants et originaux à la fois, assez légers, avec notamment une mélodie accrocheuse sur "la puissante sérénade". "Cartilage 23" et surtout "la dézinquiétude" mélangent des éléments de jazz contemporain et de classique assez moderne, mais le tout dans un registre relativement accessible.
Les vocaux ne font leur apparition qu'à partir du quatrième morceau, le très bucolique "nymphette rien", avec une flûte volubile. Le petit texte poétique est d'ailleurs parlé, d'une voix claire et suave. "par les cornes de belzébuth" est plus étrange, jazzy, électrique et percussif (avec un passage presque rock), véritablement chanté, mais Philippe a un peu de mal à monter dans les aigus et la structure semble un peu libre, comme si le morceau était parfois un peu improvisé, alors qu'il n'en est probablement rien. "a certain resonance" revient au duo guitare acoustique/violon, dans une atmosphère changeante, alternativement décontractée puis lyrique, avec des onomatopées vocales assez curieuses. "le phare" démarre avec un bourdonnement de synthé, qui ajoute une discrète nuance orchestrale. Le texte est mi-parlé, mi-chanté, avec des jeux de mots, qui rappelleront à certains Christian Descamps et le chant est relativement théâtral, voire caricatural. "la soute à fantasmes" est malgré son titre, un titre relativement simple, toujours à mi-chemin entre jazz et musique de chambre, une belle mélodie au violon se détachant sur les accompagnements de guitares, avec quelques percussions et un peu de synthé. "X billions de choses" est une chanson simple basée sur des guitares électriques cristallines, aux vocaux encore un peu caricaturaux enjolivés par un violon électrifié aérien. "Berceuse électrique" est calme mais légèrement dissonant et plus nettement jazz, la tonalité semblant changer fréquemment au fil du morceau.
Quant à la suite de 9 minutes qui donne son titre à l'album, elle comporte de nombreuses parties chantées mais c'est aussi le morceau le plus étrange, celui où les parties vocales, toujours mi-scandées, mi-chantées, sont franchement excentriques ; certaines des sections instrumentales sont un peu à l'avenant, chaque instrument semblant jouer une partie indépendante des autres par instants… Etrange, étrange ! "Dernier output" achève le disque à la guitare électrique jazzy, de façon plutôt expérimentale.
Un album bien inhabituel que celui-ci, à la fois intimiste et expérimental, tour à tour enjoué, mélancolique ou dérangeant suivant les morceaux. A mon humble avis, les vocaux auraient gagnés à être plus mesurés, plus accessibles mais, dans ce cas comme toujours avec le chant, chacun apprécie à sa façon subjective. C'est pourquoi les parties les plus réussies me semblent être les instrumentaux (excepté le dernier). A vous d'écouter et de juger, mais "Les tribulations de Maxime le diable" est bien joué et original, ce qui doit, a priori, éveiller l'intérêt des amateurs de musiques sophistiquées.
Marc Moingeon
Disponible chez Musea
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