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En 1990, Frank Dunnery sabordait l'un des plus talentueux groupes britanniques de l'époque, j'ai nommé It Bites (aaah, il y a des fans parmi vous !). Ne résistant pas à sa fascination pour le "wild country" (premier CD solo) et redevenu Francis, il partit donc pour les Etats Unis. Après plusieurs années d'errance, des problèmes d'alcoolisme et de divorce (partagés avec le public sur l'album tiré de sa tournée acoustique, "One night in sauchiehall street"), il semble s'être stabilisé à New York. Etonnamment, il n'a jamais arrêté de composer et d'enregistrer. Son second album, "Fearless", était le plus convainquant bien que totalement acquis à la cause pop. Mais les chansons et la production étaient excellentes. En comparaison, son album plus récent, "Tall blonde helicopter" manquait un peu de relief. Il faut dire que, pourtant exceptionnel dans ses parties de guitares au sein d'It Bites, Francis a clairement laissé de côté ses atouts techniques. Serait-ce donc un nouveau Francis Dunnery (aujourd'hui châtain) qui débarque avec ce nouveau CD très éclectique et de la même veine que "Fearless". Il y passe naturellement de la pop légère à un rock plus grunge ("whoever brought me here"), n'oubliant jamais les bons grooves et les guitares rythmiques soignées ("1'95", "crazy little heart of mine"). Son pop-rock reste très axé sur les guitares mais un mellotron vient parfois ajouter un fond atmosphérique, un peu à la manière de Radiohead dont il se rapproche par moment ("crazy is a pit stop", "my own reality", "Jonah"). "Let's go..." est manifestement son album le plus américain. On y trouve même des arrangements de cuivres sur le jazzy "riding on the back" ! La production est excellente et Francis se montre aussi à l'aise avec un son énorme ("my own reality") que dans une ambiance acoustique intimiste ("home in my heart"). Ses textes sont toujours bien écrits, souvent très lucides mais aussi parfois joliment naïfs ("Jonah", Francis avait déjà ce côté enfant dans It Bites). S'il ne vivait pas aux Etats Unis, on pourrait dire que ses qualités de song-writer en font le pendant anglais de feu-Kevin Gilbert, comme le prouve "give up your day job", qui clôt l'album, véritable petite comédie musicale de 4 minutes et constat sans concession mais tendre sur la jeunesse de cette fin de siècle. Francis est doué. Il a d'ailleurs la chance d'avoir toujours trouvé le soutien de maisons de disques qui lui permettent de profiter d'une production soignée. On se demande bien pourquoi les médias polarisent leur énergie sur un Lenny Kravitz alors que les chansons de Francis Dunnery pourraient tout autant cartonner sur MTV.
Jean-Luc Putaux
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